Il faut sauver l’abeille Maya ! 3


Ce n’est plus un secret : l’activité humaine a provoqué l’effondrement de la biodiversité.
On ne peut plus le nier, on doit agir ! Mais comment faire ? Une fois que la prise de conscience est établie, on peut se sentir perdu devant l’urgence de la situation et on voudrait trouver des solutions à notre échelle. Mais ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver.
Maintenant que le fait est avéré, que les climatosceptiques deviennent de moins en moins nombreux et que notre responsabilité en tant qu’humain est établie, l’environnement malmené est devenu sujet d’actualité et on scande des solutions à toutes les sauces.
Ils en parlent même à la télé : ils disent qu’« il faut sauver les abeilles car elles sont essentielles pour notre survie puisqu’elles pollinisent notre nourriture », c’est dire si c’est vrai… 
Et c’est bien là le problème, tout sujet d’actualité est susceptible de devenir vendeur et, à cette fin, manipulé pour nous vendre du vent ! Sous l’étendard de la protection de l’environnement les publicitaires débordent d’imagination pour nous vendre des voitures « non polluantes », des aliments ultra transformés « écoresponsables », des produits « sains et naturels révolutionnaires ». Les bonimenteurs savent très bien tirer sur la corde sensible pour nous faire croire qu’acheter tel ou tel produit sauvera la planète. Cela engendre évidemment de nombreux messages trompeurs dangereusement véhiculés qui s’insinuent dans nos subconscients et finissent par nous persuader que c’est une bonne idée d’acheter un hôtel à insectes pour sauver les abeilles !

Les abeilles sont sauvées ! J’ai acheté un hôtel à insectes ! Puis comme je me sens concerné par l’environnement j’ai aussi acheté un nichoir à oiseaux et quatre mangeoires pour mettre autour (il y avait une promo).

On nous ment

Tant que l’on restera coincé dans cette société de CONsommation on restera perdant à tous points de vue (puisque l’on est « sommé d’être con »). Il est aussi illusoire de sauver les abeilles avec un hôtel à insecte mal conçu installé au milieu d’une pelouse tondue à ras que de préserver notre civilisation de production infinie et de surconsommation alors que nous sommes en surpopulation sur une planète aux ressources limitées.
Mais ça donne bonne conscience.
On nous lave le cerveau avec tout une série d’inepties pour nous vendre des produits inutiles tant et si bien que même les mieux intentionnés se laissent prendre au piège.

Acheter un hôtel à insecte est en soi totalement inutile pour sauver les abeilles. Et pire, selon la façon dont il a été fabriqué et transporté, acheter un hôtel à insecte peut même être totalement nuisible à l’environnement.
On nous ment alors ? Pas tout à fait, mais on édulcore le message pour nous vendre du produit.
Un message plus complet serait plutôt : il est intéressant d’installer des nichoirs permettant la nidification et le repos des abeilles dans un lieu qui doit en priorité subvenir à leurs besoins en termes d’alimentation et de tranquillité. Mais avouez, ça fait moins vendeur que « sauvez les abeilles en achetant cet hôtel ! »

D’ailleurs, tester votre générateur de synonymes sur le mot vendre, il vous proposera trahir, dénoncer, livrer, divulguer, tromper…

Je prends la plume aujourd’hui car j’ai envie de tordre le cou aux idées reçues. Je propose donc de vous présenter mon décryptage pour vous aider à agir non pas en tant que consommateur mais bien en tant qu’acteur de votre conscience !
Revisitons ensemble les conseils qui apparaissent de prime abord dans un moteur de recherche quand on entre « il faut sauver les abeilles » …

Il suffirait de manger du miel

Si on en croit certains, pour sauver les abeilles il faudrait manger du miel.
Mais oui ! Pour sauver les abeilles il est logique de soutenir les apiculteurs. En plus c’est excellent pour la santé et bien moins nocif que le sucre.

Le miel ne fait pas l’abeille…

Du coup on se rue au magasin et on achète son pot de miel, bio bien sûr, on veut préserver l’environnement. Ce qui fait accroitre la demande, et donc le poids du commerce pour négocier son miel, et donc la concurrence, et donc l’industrialisation …

La majorité du miel qui est ainsi vendu provient « d’usines à miel » où les abeilles sont surexploitées comme dans n’importe quel élevage intensif. Les abeilles y sont entassées dans des ruchers constitués de dizaines de ruches, voire plus. Ces ruches sont transportées de champs en champs pour aller polliniser les récoltes sans vraiment se tracasser du stress occasionné aux abeilles par ces déménagements intempestifs. Le miel y est collecté en broyant les cadres entiers, pour ne pas perdre de temps, tant pis si des abeilles sont encore dedans. La collecte de miel y est telle que les malheureuses ouvrières n’ont plus de quoi nourrir leur population alors on leur donne de l’eau sucrée. A force d’élevage intensif, les problèmes sanitaires s’installent et des colonies entières sont victimes chaque année de pathogènes tel le virus varroa…
Je ne sais pas vous mais moi je n’y vois aucun sauvetage d’abeilles.

Bien sûr, tous les apiculteurs ne surexploitent pas leurs abeilles. Ils sont nombreux ceux qui le font par amour du métier. Les usines à miel ne desservent que les grandes surfaces, il reste tous les petits producteurs locaux auprès desquels on peut acheter son miel. Comme pour tout le reste, notre pouvoir d’achat est le principal décideur. Mais qui dit petit producteur ne veux pas spécialement dire non plus protection des abeilles, l’étiquette « artisanal » ou « bio » n’est pas la garantie du respect de l’insecte. Restons vigilants et renseignons-nous sur le produit qu’on achète et son producteur (puis c’est toujours un plaisir de discuter avec ces passionnés comme Angélique et ses délices ou la maison Fischer).
Et de toutes façons, trop de sucre est mauvais pour notre santé, quel que soit son origine.
Bref, nous ne sauverons pas les abeilles en mangeant du miel…


Il suffirait d’installer des ruches

Pour préserver les abeilles on nous suggère aussi d’installer une ou des ruches chez soi ou même d’en parrainer.
Une nouvelle fois, l’idée est séduisante. En plus on est certain d’avoir un miel de qualité qui respecte les abeilles. Il suffit de faire une petite formation d’apiculture et le tour est joué. On peut aussi sauver les abeilles sans faire de formation et permettre à un apiculteur d’installer une ruche chez soi en échange d’une partie de la production de miel. On peut même le faire de façon totalement altruiste en installant un modèle de ruche plus « naturel » dont on n’ira pas récolter le miel ! Alors là c’est un total respect de l’animal et Maya sera définitivement sauvée !

Le miel et les abeilles…

En fait, pas tout à fait… En augmentant le nombre de ruches, on augmente la population d’abeilles domestiques et leur promiscuité et donc les risques sanitaires (comme le fameux virus varroa, mais également des contaminations via des champignons ou des acariens comme l’invasif Varroa destructor).
En prenant un minimum de recul, on se rend vite compte que les virus, champignons ou acariens ne sont pas réellement le souci. Ils ne font que leur job : réguler les populations affaiblies, ce qui est la base de la sélection naturelle. Or entre leurs conditions d’élevage industrielles, l’agriculture intensive et son cortège de produits, la perte de diversité florale, les changements climatiques,… on peut dire que les populations d’abeilles domestiques sont affaiblies. Sans compter sur l’importation d’espèces sélectionnées pour leur rendement à la production de miel et leur docilité lors de l’extraction du précieux liquide, bref, une sélection humaine et non naturelle…
Même si on élève notre abeille noire indigène belge (Apis mellifera mellifera) plutôt qu’une autre sous-espèce d’abeille domestique on ne va en rien aider les abeilles… car il n’y a pas que les abeilles domestiques !

En Wallonie nous comptons plus de 350 espèces d’abeilles sauvages dont la majorité sont des abeilles solitaires et non sociales.

10 secondes suffisent pour voir qu’il n’y a pas que l’abeille à miel (mais il y en a au moins une dans le coin supérieur gauche).

Or, si la pression des ruches domestiques est trop grande, la concurrence par rapport aux autres insectes butineurs devient déloyale.
Les ressources de pollen sont accaparées par les abeilles domestiques aux dépends des autres espèces (ce sont principalement les abeilles sauvages de mêmes tailles qui en pâtissent). On estime qu’au-delà de 3 ruches par km² la pression des abeilles domestiques pour la biodiversité est néfaste. Pour vous donner une idée, en 1 mois une ruche consomme les ressources qui pourraient nourrir 30 000 larves d’abeilles solitaires. Et je ne vous parle même pas des risques d’hybridations entre abeilles sociales sauvages et domestiques.
Bien sûr la cohabitation entre abeilles domestiques et abeilles sauvages est possible tant que le nombre de ruches au km² n’est pas trop élevé et que les ressources alimentaires sont suffisamment disponibles. Mais c’est rarement le cas, particulièrement en ville.

Vous comprenez donc maintenant pourquoi on ne sauvera pas les abeilles en installant une ruche, aussi respectueuse de l’insecte celle-ci soit-elle. Installer une ruche n’est tout simplement pas une action en faveur de la biodiversité.

Abeille à miel, Anthidie à manchettes, Chelostome des campanules, Osmie cornue, andrène de la bryone, et tant d’autres … Seule la première a besoin d’une ruche.

Si vous souhaitez installer une ruche chez vous pour sauver les abeilles, ne le faites pas !
Cela reviendrait à vous lancer dans l’élevage de cochons pour sauver les sangliers. 
Si vous souhaitez en installer une pour d’autres raisons, renseignez-vous correctement avant de vous lancer, certains apiculteurs pratiquent maintenant une réelle happyculture soucieuse du bien être des abeilles domestiques comme par exemple Amélie Joveneau dont je ne peux que vous conseiller les formations.

Il suffirait d’installer un hôtel à insecte.

 « Transformez votre jardin ou balcon en véritable paradis pour les abeilles avec cet hôtel à insectes ». Ce genre de slogans est venu fleurir les ondes avec toute une série de promotions tout aussi alléchantes que la perspective de sauver des abeilles en leur offrant de quoi dormir. Après tout, si installer une ruche n’aide pas les abeilles sauvages, leur installer un hôtel semble du coup beaucoup plus logique !

Précipitons nous réaliser cette bonne Action (dans tous les sens du terme) et installons vite ce magnifique établissement dédié au repos de nos chères abeilles. La belle vie qu’elles vont avoir si bien installées dans leur hôtel tout neuf qui sent encore l’usine ! Bien placé en évidence sur la terrasse la vue que nous avons dessus est magnifique. Et puis ce modèle est ravissant, ils l’ont fait comme une vraie maison avec d’adorables petits volets bleus…
Bravo, vous venez de poser un acte concret pour les abeilles sauvages, mais en réalité vous venez de leur offrir un HLM surpeuplé et insalubre situé juste à côté d’un aéroport, mais avec de jolis volets bleus.

 « Transformez votre jardin ou balcon en véritable paradis pour les abeilles avec cet hôtel à insectes »

La grande majorité des hôtels vendus dans le commerce sont de qualité médiocre et mal conçus.
Ils sont faits avec des matériaux totalement inadaptés, comme du bois contreplaqué tellement fin qu’il ne protègera pas ses occupants de grand-chose ou des tiges en bambou non poncées dont les échardes vont déchirer les ailes de la malheureuse abeille qui entrera dedans. Le summum c’est quand ils ont rajouté de la peinture et du vernis pour faire plus joli… Et je ne parle même pas du coût environnemental que la fabrication à la chaine de ces hôtels engendre. Voilà pour la partie insalubre. Pour éviter cela, choisissez intelligemment votre fournisseur.

Ces hôtels à insectes ne sont en fait pas des dortoirs mais des maternités pour abeilles solitaires. Elles viennent y pondre leurs œufs qu’elles enferment dans des cellules avec une réserve de pollen. Chaque tige creuse contient plusieurs œufs d’où sortiront de chacun une larve qui y passera l’hiver jusqu’au printemps suivant où les jeunes abeilles prendront leur envol.
Alors en termes de maternité on fait mieux, surtout en ce qui concerne le voisinage et la localisation.

Le voisinage d’abord. Il n’y a pas toujours que des tiges creuses dans ce genre d’hôtel. Il y a aussi d’autres compartiments avec de quoi loger ou nicher d’autres insectes. Et ça c’est le côté HLM où l’on fait cohabiter des populations différentes aux mœurs et coutumes qui ne sont pas compatibles entre elles. Un peu comme le malheureux habitant du 7° étage, jeune chômeur célibataire qui doit supporter l’étudiant fêtard du dessus, les triplés nouvellement nés de gauche, le maniaque de l’aspirateur de droite et le bricoleur du dimanche pour qui c’est tous les jours dimanche du dessous.
Il n’a qu’à déménager me direz-vous… sauf que c’est la crise du logement et que notre jeune chômeur a beau avoir son diplôme d’université en poche, il n’a pas encore le travail qui va avec et il fait ce qu’il peut en attendant, quitte à devoir passer tous les jours devant la bande de junkies qui squatte depuis 6 mois près de l’ascenseur.
Pour les abeilles c’est pareil ! On a tellement aseptisé la Nature, notamment pour faire des jardins « propres », qu’elles prennent ce qu’elles trouvent, même si cela revient à cohabiter avec l’araignée de la case juste à côté et la guêpe du dessous… Pour éviter de leur offrir un HLM où se réfugient tous les SDF, offrez-leur plutôt un gîte spécifique où seule une clientèle sélectionnée est invitée à séjourner.

Quant à la localisation, parlons-en. Les hôtels à insectes sont trop souvent placés aux abords des maisons pour en favoriser l’observation, parfois même juste à côté de la porte d’entrée.
Pourtant, ils seraient bien plus à leur place au fond du jardin dans un endroit calme et peu fréquenté. Ça vous plairait à vous qu’un géant passe régulièrement regarder par la fenêtre ? Un géant maladroit qui ne se rend même pas compte que ses pas lourds font trembler les fondations de votre maison, que le ballon qu’il fait rebondir juste à côté est aussi grand que l’immeuble entier, que la musique qu’il écoute si fort résonne dans vos entrailles, … Les abeilles préfèrent de loin une villégiature au calme et non un hôtel de passe près de l’aéroport.

Bien conscients de toutes les thématiques que je viens d’aborder, vous avez choisi un hôtel à insectes fabriqué par un artisan local et l’avez installé au fond du jardin bien orienté vers le sud et dans une zone dégagée comme on vous la préconisé. Et vu que c’est la crise du logement, vous avec opté pour un grand modèle. Un très grand modèle.

« Le Grand Hôtel »

C’est merveilleux à quel point ces tiges creusent se remplissent vite ! Comme il est beau le va et vient incessants de ces mères courageuses qui ramènent de quoi nourrir leur progéniture. C’est toujours avec émerveillement que vous allez discrètement observer votre gîte à abeilles solitaires chaque jour.
Mais ce matin c’est le drame ! Une effraction inadmissible a eu lieu et les tiges qui autrefois regorgeaient de vie ont été pillées par un vandale !
En fait de vandale ce n’était juste qu’un malheureux pic épeiche affamé, avec une nichée à nourrir, et à qui vous avez offert un buffet gratuit…
Vous y avez bien sûr pensé et protégé votre gîte avec un grillage tout autour.
Encore raté… il ne fallait pas mettre le grillage contre l’orifice de sortie des tiges, là vous avez juste gêné le pic dans sa dégustation et condamné l’accès à certaines tiges pour l’abeille (ou pire, emprisonné les larves qui étaient déjà dedans quand vous avez installé le grillage suite au premier carnage).
Cette fois c’est bon ! Vous avez emballé le gîte avec du grillage mais suffisamment éloigné que pour tenir à distance la langue agile du pic.
Encore raté… Cette fois c’est une guêpe parasitoïde qui a trouvé le filon et qui a pondu dans plusieurs orifices occupés par des larves d’abeilles avant que ses copines ne rappliquent faire la même chose. Les larves d’abeilles ne finiront donc pas dans le ventre d’un pic mais lentement digérées par des larves de microguêpes.
Fatalement, votre gîte est tellement grand qu’il est ultra visible. À force d’en exposer ainsi le menu, votre hôtel est aussi devenu le resto de quelqu’un d’autres, et quand le restaurant est bon, on se refile les bonnes adresses… Bref, il vaut mieux installer plusieurs petits gîtes qu’un gros hôtel surpeuplé, on ne met ainsi pas tous les œufs dans le même panier.

Installer un hôtel à insectes peut être utile pour les abeilles, mais quitte à en acheter un, choisissez-le bien conçu et non surdimensionné. Des labels pourront guider vos achats mais soyez vigilant et ne tombez pas dans le panneau…FSC garantit la qualité de la forêt d’où le bois utilisé provient, pas la qualité de ce pourquoi il est utilisé. Une fois encore le choix du fournisseur de votre gîte sera déterminant, un gîte acheté chez Natagora sera bien plus adapté à la sauvegarde des abeilles qu’un hôtel acheté au rabais dans un magasin discount.

Vous êtes quelqu’un de soucieux de l’environnement et afin d’éviter un trajet jusqu’à un fournisseur spécialisé vous décidez de construire vous-même votre hôtel à insecte en suivant scrupuleusement les différents tutos de fabrication que vous avez trouvé sur le net ou dans des ouvrages spécialisés. Après tout, on n’est jamais mieux servis que par soi-même !
C’est parfait, vous avez tout ce qu’il faut au fond du jardin et c’est une merveilleuse activité à faire en famille ! Vous n’avez pas encore eu le temps de tailler vos framboisiers, leurs vieilles tiges seront parfaites pour faire un nichoir à insectes. En plus ce sera l’occasion de finir de nettoyer ce recoin qui fait un peu négligé.
Là c’est sûr, vous aidez vraiment les abeilles !
Sûr ? Vraiment ? Vous ne pensez pas que les abeilles auraient simplement préféré qu’on leur laisse sur place ces vieilles tiges dissimulées dans un peu de broussailles pour y établir leur nurserie ? Êtes-vous certains qu’elles préfèrent un gîte que vous avez spécialement conçu pour elles avec tant d’amour et de bonne volonté plutôt que de se débrouiller toutes seules ? N’est-ce pas plutôt votre égo que vous essayez d’aider ?

Bon ok, au temps pour moi, votre jardin est tout propre et ne possède qu’une pelouse. Dans un tel vide les abeilles auront bien du mal à trouver de quoi se loger et faire maternité. Voilà donc votre hôtel à insectes trônant fièrement au centre de votre gazon…
Dans tous les cas, nous ne sauverons pas les abeilles en achetant un hôtel à insectes.

Il suffirait de leur donner un peu d’eau avec du miel.

Vous trouvez sur votre terrasse une abeille à l’agonie. Comme vous avez souvent pu lire ce conseil, vous décidez d’aider la malheureuse en lui donnant de quoi se requinquer : un peu d’eau avec du sucre dilué (car vous n’aviez plus de miel). Tout heureux de votre sauvetage, vous retournez à votre partie de Candycronsh après, bien sûr, avoir publié votre acte héroïque sur les réseaux.
Maya est sauvée, votre bonne conscience aussi.
Tient c’est marrant, en consultant vos souvenirs vous remarquez que vous aviez fait une publication similaire l’année dernière. Et là vous réalisez que chaque printemps c’est le même scénario désolant et qu’il faudrait peut-être installer un distributeur à eau sucrée pour les abeilles car vous vous rendez bien compte que vous ne pouvez pas les sauver toutes avec quelques gouttes …

Kit de survie pour abeilles

Avant de vous lancer dans la construction d’un tel distributeur, posez-vous les bonnes questions à commencer par la plus évidente : de quoi l’abeille se nourrit-elle ? De sucre raffiné ? En êtes-vous certains ?
Et aussi… pourquoi l’abeille agonise-t-elle ?
Il se peut simplement que ce soit un mâle en fin de vie. Et oui, monsieur abeille (qui n’est pas un bourdon) n’a souvent qu’une seule mission : féconder madame. Après l’acte établi, il meure… leur durée de vie n’étant que de quelques jours il est normal d’en retrouver mort peu après leur envol.
ll se peut aussi que l’abeille agonise car le champs non conventionnel voisin vient d’être pulvérisé, à moins que ce ne soit vos rosiers ? C’était pour vos pucerons ? vous ne saviez pas qu’un insecticide n’est jamais sélectif ? Même les naturels ou autorisés en bio ? Dommage pour les abeilles…
Bref, ils se peut que l’abeille ne soit pas affamée mais intoxiquée.
Il se peut également que l’abeille ait réellement faim au point d’en mourir. Après tout, il n’y a pas grand-chose comme fleurs dans votre jardin, tout comme dans le quartier d’ailleurs. Mais vous pensez sérieusement que vous allez sauver toutes les abeilles du coin avec votre distributeur de gouttes d’eau sucrée ? Nous ne sauverons pas les abeilles en leur donnant du miel.

Il suffirait de planter des fleurs.

C’est le retour du Flower power !
Pour sauver les abeilles il semble logique de planter des fleurs et ainsi éviter qu’elles ne meurent de faim.

Des fleurs oui, mais pas n’importe lesquelles ! Le restaurant ne doit pas qu’être aguicheur, il faut que la nourriture y soit de qualité et en quantité.

Facile, il suffit de se rendre en jardinerie et d’acheter des plantes mellifères (*). En plus c’est aisé de les y trouver, ils ont mis des étiquettes ultra voyantes avec une belle abeille en logo sur les pots des plantes concernées. Enfin une action concrète et immédiate, ils en proposent même dans les supermarchés ! C’est pratique et rapide puisque la plante est déjà remplie de fleurs donc les abeilles vont avoir de quoi manger dès la plantation. Génial !

En êtes-vous sûrs ? Êtes-vous certains que votre action sera une si bonne idée ?
Connaissez-vous la provenance et les conditions de cultures des plantes que vous venez d’acheter ?
Trop nombreux sont ceux qui ont eu la désagréable surprise de constater de nombreuses abeilles mortes aux pieds de leurs fleurs nouvellement installées. Il ne faut pas se leurrer, les abeilles ne sont pas mortes d’excitation à la vue de ce nouveau restaurant mais bien intoxiquées par tous les produits dont la plante a été aspergée. C’est ce qui arrive quand on se laisse séduire par une plante à la floraison exubérante dans une jardinerie qui n’a pour but que de vendre. Pour obtenir de si belles fleurs les plantes ont été dopées à grand coup d’engrais, ce qui les fragilisent et les rendent vulnérables aux vilains insectes qui les mangent, donc elles ont aussi été aspergées d’insecticides pour préserver la beauté de leurs pétales, donc vos abeilles sont mortes.
Une nouvelle fois, se renseigner avant l’achat et connaitre le producteur et ses pratiques permet d’éviter ce genre de situation.

Une vague d’espoir pour les abeilles ?

Mais peut-être faites-vous partie de cette population déjà consciente des problèmes engendrés par les produits phytosanitaires. Après tout, si vous me lisez, vous pratiquez certainement un jardinage naturel et vous sélectionnez soigneusement vos pépiniéristes pour leur pratique respectueuses et sans pesticide. Ou encore mieux, vous semez vous-mêmes vos fleurs ! Et elles sont mellifères ! D’ailleurs c’est un mélange spécial pour les abeilles qu’ils disent… Elles vont faire bombance avec ce plat que vous vous apprêtez à leur semer. En plus les fleurs sont très jolies, on les voit bien sur l’image, c’est plus facile pour choisir ses graines, on prend celles avec la plus jolie photo, c’est Super !

Vraiment ? Avez-vous pris le temps de regarder la composition de ce mélange de graines ? De décrypter la terrifiante liste de noms latins qui se trouve au dos de l’emballage écrit en tout petit (quand elle y est) ? Avez-vous vérifié l’origine de ses graines, si elles sont indigènes ou exotiques ? Si elles sont sauvages ou cultivées ?
Toutes les fleurs, même mellifères, ne se valent pas pour nourrir les abeilles. Nos abeilles indigènes, qu’elles soient sociales ou solitaires, ont coévolué avec les plantes de chez nous, elles se sont morphologiquement adaptées pour pouvoir atteindre le nectar de leurs fleurs préférées jusque dans la taille de leur corps et la longueur de leur langue. Autrement dit, elles sont équipées pour aller manger dans leur resto habituel. Choisir des plantes qui ne sont pas indigène revient à leur ouvrir un restaurant exotique. Manger une fois de temps en temps un plat chinois avec des baguettes, on peut le faire, mais imaginer le faire tous les jours, imaginez même devoir manger tous les jours avec des baguettes, même une soupe… Pour les abeilles c’est grosso modo la même chose, elles ne sont pas équipées pour butiner des plantes exotiques et parfois n’y arrive tout simplement pas car elles n’ont pas les bons couverts. Et puis un resto mexicain (ou chinois/italien/turc/autre-pour-pas-faire-de-discrimination) une fois de temps en temps, c’est sympa, mais tous les jours ça peut vite devenir écœurant ou difficile à digérer. On peut se faire plaisir avec quelques plantes exotiques mais, pour aider les abeilles, il faut avant tout privilégier les espèces indigènes.

Rose sauvage VS Rose cultivée.

Il en va de même pour les cultivars horticoles auxquelles on pourrait succomber, si c’est une fleur qui a été sélectionnée pour nous plaire cela ne veut pas dire qu’elle plaira aux abeilles, même si à l’origine elle est issue d’une espèce indigène. Si les roses sauvages de nos églantiers indigènes sont bel et bien à l’origine de nombreuses variétés cultivées modernes, la sélection humaine les a bien éloignées de ce plateau d’étamines servi sur une couronne de pétales qu’elles étaient à l’origine, il faut parfois bien du courage aux malheureuses abeilles qui voudraient les butiner.
Ce qu’une fleur sélectionnée a gagné en couleur ou en taille des pétales, elle l’a peut-être perdu en qualité de nectar. Ceci est également valable pour les espèces cultivées. Au fur et à mesure de la sélection par la main humaine, elles ont gagné de quoi satisfaire nos besoins, pas spécialement ceux des abeilles… On leur ouvre alors un restaurant où elles pourront faire bombance, mais en fait ce n’est qu’un fastfood, ça rempli le ventre mais ça ne nourrit pas.
On peut décorer notre jardin avec quelques variétés horticoles, particulièrement celles d’espèces indigènes qui nourriront certainement mieux les abeilles que des exotiques, mais pour sauver les abeilles, favorisons les plantes garanties bien de chez nous.

Le buffet est servi : Sureau noir de variété horticole (l’arbuste aux feuilles pourpres Sambucus nigra ‘black lace’) entouré de belles fleurs indigènes pures souche (grande marguerite, cataire, grande camomille, grande bardane, ronce et cornouiller sanguin pour les plus visibles)

Une nouvelle fois, vous étiez sensible à l’origine de vos plantes et vous avez été chercher une sélection de fleurs mellifères indigènes garanties sans pesticides de chez ApiFlora-Pépinière de plantes sauvages indigènes. Là c’est bon, vous faites un sans-faute !
Fière de votre achat, vous rentrez chez vous et entamez directement le désherbage de ce coin laissé en friche. Ouste les pissenlits, orties et chardons, on fait place nette pour installer le buffet aux abeilles !
Sauf que… en désherbant ainsi vos « mauvaises herbes », vous venez d’anéantir la meilleure source d’approvisionnement de vos abeilles en pollen et nectar, autrement dit vous avez rasé leur resto préféré pour un futur restaurant sans doute de moins bonne qualité qui n’est même pas sûr d’ouvrir tant il peut y avoir d’imprévus d’ici l’inauguration (comme le chat du quartier qui décide de venir y faire ses besoins et déloge d’un coup de patte vos jeunes semis…). La prochaine fois, installez leur nouveau restaurant au milieu du zoning où il n’y a strictement rien à manger comme votre maudit gazon. Et là où vous ne semez pas de fleurs, arrêtez de le tondre compulsivement pour laisser les pissenlits et les trèfles s’y installer naturellement.

ce vulcain préfère butiner les fleurs de chardons que celles du pré-fleuri juste derrière, comme de nombreuses abeilles.

On peut donc aider nos abeilles en plantant ou en semant des fleurs, à condition de bien les choisir et de ne pas les priver d’une autre précieuse ressource pour les y mettre à la place… mais est-ce que ça suffira à les sauver ? Pas sûre…

Il suffirait de détruire les frelons asiatiques.

Rhaaaa, le frelon asiatique, ce vilain envahisseur redoutable tueur d’abeilles. Vous venez d’ailleurs de voir une vidéo sur le sujet. Tuons donc ce méchant frelon avec ce piège à la mode. En plus c’est super simple, il suffit juste d’une bouteille, d’un peu de vin et de sucre et le tour est joué !
Une nouvelle fois, notre âme de sauveur héroïque se gonfle d’orgueil car avec ce piège nous participons activement à la protection des abeilles…
Vraiment ?  
Le frelon asiatique est-il si nuisible que ça aux abeilles ? Est-ce lui le grand responsable de l’effondrement de leur population ? Notre action va-t-elle avoir un impact réellement positif ?

Pour commencer, si cet envahisseur asiatique n’a pas le vent en poupe, c’est qu’il affectionne particulièrement nos abeilles domestiques comme menu. Plutôt que de chasser ses proies en patrouillant ça et là, il se place à la sortie des ruches et y décime les valeureuses ouvrières qui partent en exploration affaiblissant ainsi les colonies déjà mise à mal par tous nos pesticides et diverses maladies favorisées par un mode d’élevage intensif.
Il n’est donc pas une réelle menace pour les abeilles sauvages, seulement pour les ruches d’abeilles domestiques. Ceux qui en ont peuvent facilement les protéger en installant une « muselière à frelon » à l’entrée des ruches (un grillage qui permet aux abeilles de prendre leur envol sans risque d’attaque).

Frelon asiatique à gauche, européen à droite.

Ensuite, ce genre de piège goulot est totalement inefficace sur la population de frelons asiatiques puisque seule la destruction des nids et de leurs reines peut avoir un réel impact (les autres vont de toutes façons mourir naturellement dès l’arrivée de l’hiver). Et même si vous réussissez à piéger une reine avec votre piège, est-vous certains qu’elle allait fonder une colonie, n’allait-elle pas finir mangée par une corneille ou tuée lors d’un combat pour l’acquisition d’un territoire ? Et tant bien même, si c’est une gagnante de la sélection naturelle que vous avez tuée, n’allait-elle pas elle-même tuer une dizaine d’autres prétendantes à la couronne ?

Si vous voyez un frelon asiatique, le mieux à faire est de le signaler à la région wallonne, surtout si vous avez repéré un nid (sa destruction sera alors prise en charge). Et puis soyons réaliste, tout comme la coccinelle asiatique, son compatriote le frelon est maintenant présent et tous les plans d’actions mis en place ne servent qu’à ralentir sa progression pour qu’elle puisse se faire plus en douceur. Il va s’intégrer dans le paysage quoi qu’on y fasse et il faudra faire avec. Le frelon asiatique, tout comme toutes les espèces invasives, est présent chez nous suite aux conséquences de nos actes, lui n’a strictement rien demandé. Son mode d’alimentation opportuniste découle aussi de notre manière de modifier (et d’appauvrir) notre environnement et de nos pratiques d’apiculture.

Plutôt que de maudire le frelon asiatique, prenons du recul pour analyser la situation et voir qui est le vrai fautif de la disparition des abeilles. L’homme a toujours adoré maitriser les choses, mais cette maitrise n’est souvent qu’une illusion. Plus on s’éloigne du modèle offert par la Nature, plus les catastrophes s’enchainent. Tirons des enseignements de nos erreurs…

De toutes façons, que le frelon asiatique soit nuisible ou pas, ces soi-disant « pièges sélectifs » dont on peut trouver plein de tutos sur le net ou des prêts-à-l’emploi sur les étals des marchés n’ont rien de sélectifs. Ils tuent bien plus nos frelons européens que les asiatiques et encore bien plus nos guêpes et nos abeilles.

Alors, êtes-vous encore sûr que vous allez sauver les abeilles avec votre piège à frelon ?
Et puis, ne faut-il pas sauver aussi les frelons et leurs cousines les guêpes (qui sont aussi cousines des abeilles) ? Après tout, ils sont aussi indispensables à l’écosystème puisqu’ils butinent également les fleurs et participent donc pareillement à leur pollinisation. Certes, ils le font moins assidument que les abeilles, mais frelons et guêpes régulent en plus les autres populations d’insectes comme les mouches ou les chenilles et nettoient le jardin des vieux fruits tombés au sol. Rappelons-nous que dans un écosystème, chaque élément a sa place et participe à l’équilibre naturel.

On ne sauvera donc pas les abeilles en exterminant les frelons …

J’ai gardé le meilleur pour la fin, même si l’introduction sur la consommation de miel mettait la barre bien haut :

Il suffirait de sauver les abeilles.

Croire qu’il suffit de sauver les abeilles pour sauver la biodiversité est utopique.
C’est tout l’écosystème, tous les écosystèmes, qu’il faut sauver et préserver. Le frelon a autant sa place dans notre jardin que le puceron ou l’abeille. Un écosystème c’est un ensemble et il faut donc garder une vue d’ensemble sur la situation. Vous voyez peut-être le puceron comme un ravageur de vos cultures, il n’est en fait rien d’autre que le plancton du jardin : une base essentielle de la chaine alimentaire et donc un élément vital pour la biodiversité.
« Sauvons les abeilles ! », il est vrai que ce message est simple et parlant. Surtout quand on nous explique chiffres à l’appui que les abeilles permettent la pollinisation des fleurs et donc la venue des fruits et légumes, qu’elles sont donc essentielles à notre survie.

Il n’y a pas que les abeilles qui butinent, ils sont nombreux à le faire : guêpes, mouches, coléoptères, papillons, … et tous en dangers.

Et puis, ce n’est pas tout à fait faux. Si chacun adopte les bonnes mesures pour sauver les abeilles il sauvera alors de nombreuses autres espèces par la même occasion. Inutile de s’encombrer de détails dans la « com’ » de maintenant.
On peut même subtilement jouer avec pour nous donner l’illusion d’être le héros d’une mission de sauvetage où tout semble perdu d’avance et où notre réussite permettra à une mère éplorée de retrouver son dernier fils survivant d’une guerre impitoyable (à ce stade de la lecture, vous venez peut-être de capter l’allusion cinématographique du titre de l’article). Ou plus simplement dit, un beau message peut toujours être détourné pour vous vendre du vent, on vous culpabilise pour ensuite vous donner l’impression de pouvoir sauver le monde en achetant un hôtel à insecte (ou une voiture).

Du coup on en arrive à des aberrations comme celle-ci :  le joli hôtel à insectes aux volets bleus accroché juste à côté de la porte d’entrée dans un lotissement où il n’y a que des pelouses entretenues par des robots tondeuses, des terrasses en béton, des parkings, un petit massif de buis scrupuleusement pulvérisé contre la pyrale à l’avant et un petit potager avec des granules bleues anti-limace à l’arrière. Et son propriétaire est persuadé que l’achat cet objet va aider les abeilles sans devoir remettre en question son mode de vie.

J’ai bien sûr poussé la caricature à son comble, et encore c’est une situation déjà vue et revue, mais il est important de comprendre que ce n’est pas en faisant les magasins que l’on va protéger la biodiversité, c’est en rendant à la Nature la place qu’elle mérite.
À toute la Nature, même les pucerons ou les limaces.
Il est urgent de réapprendre à cohabiter avec cette Nature et de voir plus loin que son petit confort personnel. C’est une question de Vie pour nous. On peut survivre dans un monde où on ne laisse pas sa place à la Nature, mais pour combien de temps et dans quelles conditions ?
La Nature reprendra ses droits quoi qu’il arrive, de manière violente et ultra brutale s’il le faut. On en voit déjà les dégâts et ce ne sont que des petits tirs de sommation…

On peut encore agir à notre échelle, et notre échelle est aussi imbriquée dans un vaste réseau où chaque geste compte et où ensemble, on peut faire pencher la balance. Mais on ne pourra pas agir efficacement tant qu’on reste coincé dans cette vision égocentrique de profit immédiat, même si c’est au détriment de notre récolte de salade.
Un potager ravagé par les limaces et autres habitants de nos jardins ne va pas causer notre mort. On peut survivre sans. Les limaces elles ne peuvent pas survivre sans rien à se mettre sous la radula. Alors soit on leur offre de quoi se nourrir, soit on entre en guerre contre elles.
Elles ont pourtant autant leur place dans l’écosystème que les abeilles.
Alors c’est sûr que le lien entre notre survie et celle des limaces est plus compliqué à établir que celui entre la survie des abeilles et la nôtre, mais il est bien réel. Tout comme il est réel pour chaque représentant de la Nature.
2 ou 3 poignées de granules bleu cela parait anodin, mais c’est bel et bien tous les membres d’une chaine alimentaire qui sont concernés, y compris les hérissons et les vers luisants dont on pleure la disparition.
Un peu de désherbant dans l’allée pour faire plus propre et c’est tout un microcosme qui est anéanti, une rivière qui est polluée, un océan contaminé.
Une haie taillée en plein mois de juin et c’est tout une nichée d’oiseaux qui est anéantie, une famille de hérissons qui se retrouve sans abri, un habitat naturel ravagé.
Une pelouse entièrement tondue à ras et c’est un désert biologique qui est entretenu, …
Chaque geste compte.

En fait il suffit juste

En fait, pour sauver les abeilles il suffit juste
de n’utiliser aucun biocide, quel qu’il soit (insecticide ou herbicide, chimique ou naturel),
de tondre moins souvent, moins partout, moins bas (et de bannir le robot tondeuse),
de désherber moins systématiquement,
de ne pas nettoyer tout le jardin,
de laisser une place à la Nature,
de jardiner avec la Nature plutôt que contre elle.

Et pour tout cela, il suffit juste de réapprendre à vivre en harmonie avec cette Nature, de ne plus la craindre, de mieux la comprendre.

Bien que les problèmes du monde soient de plus en plus complexes, les solutions restent d’une simplicité embarrassante.

Bill Mollison.

Pour sauver les abeilles il suffit peut-être juste aussi de lâcher son smartphone et de réapprendre à savourer les petites choses de la Vie comme une abeille qui butine un pissenlit.
Dans le fond, on ne sauvera peut-être pas notre société en essayant de sauver les abeilles, mais on sauvera sans doute notre humanité.

Laissons à la Nature la place qu’elle mérite !

Pour conclure

Il faut sauver l’abeille Maya ! En lisant ce titre aguicheur vous vous êtes peut-être précipité sur ce lien en espérant y trouver des trucs et astuces de grand-mère pour sauver les abeilles en 10 lignes.

Pas de chance pour vous (ou par chance pour vous), vous êtes tombé sur un pavé de plus de 10 pages vous torturant les neurones à grands coups de tourbillons lyriques inspirés par des vapeurs de datura (admirez ici la subtilité avec laquelle je fais un clin d’œil à cette plante toxique pour nous mais utile pour les abeilles ). C’est que je suis comme ça moi, une écrivaine refoulée qui aime faire fonctionner votre ciboulot en vous parlant de notre manière de CONsommer et de la résilience de la Nature.
Vous vous êtes accroché à ces lignes jusqu’ici, alors je vous félicite : vous ne faites pas partie du troupeau en état de mort cérébrale. Vous allez même pouvoir m’aider à réanimer les autres.

Dans cet article « électrochoc » je me suis amusée à dresser un tableau satyrique de la société dans lequel chacun risque de se retrouver, même un tout petit peu, même sur un détail, votre narratrice ne faisant pas l’exception.
Nous sommes tous involontairement manipulés au quotidien. On nous fait croire quels sont nos besoins. On nous laisse de moins en moins l’opportunité de réfléchir, de comprendre les choses dans leur ensemble, d’agir par nous-même.

Nos décisions ne doivent pas venir de ce qu’on a vu sur un écran ni dans le regard du voisin, elles doivent venir de notre âme en ayant été murement réfléchies.
On doit prendre conscience que tous nos actes ont de l’impact et que tous nos achats sont des votes.

Mais on ne doit pas non plus culpabiliser pour tous nos gestes.
Commençons par faire ce que l’on peut, ce qui nous est possible.
Une chose à la fois, mais une chose après l’autre, sans cesser d’avancer.
Petit à petit on s’éloignera de ce cliché d’hôtel à insectes aux volets bleus pour respecter de plus en plus le Vivant et laisser la part belle au monde « sauvage ».
Simplement, naturellement, en commençant par prendre les bonnes décisions en accord avec notre conscience et nos moyens et en réapprivoisant petit à petit cette Nature que notre société nous a fait mettre de côté.

N’oublions pas la chose essentielle pour tenir dans ce qui prend des allures de guerre pour la survie : ensemble nous sommes plus forts, ensemble nous pouvons sauver Maya !

Votre coach,
Harmony

PS: J’ai vraiment entré les mots clefs « comment sauver les abeilles » pour structurer cet article, acheter du miel est réellement le premier conseil donné sur toutes les premières pages suggérées…
PS2 : Cet article contient de la publicité non cachée pour de belles personnes soucieuses de la biodiversité.
ps3 : D’ailleurs, vu qu’on n’est jamais si bien servit que par soi-même, sachez que moi aussi j’ai des trucs à vous vendre. Non pas des objets mais du savoir avec les ateliers que je vous propose tout au long de l’année à Marneffe sur le jardinage au naturel pour appendre à jardiner avec la nature et pas contre elle et, en été, sur les bienfaits des plantes pour apprendre à apprécier la Nature sous tous ces aspects.


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3 commentaires sur “Il faut sauver l’abeille Maya !