Nourrir les oiseaux ? Oui, mais correctement !


Mésange charbonnière – Verdier – Accenteur mouchet – Chardonnerets – Tourterelle – Rouge-gorge.

Nous sommes nombreux à sortir les mangeoires chaque hiver pour nourrir les oiseaux de nos jardins en pensant leur rendre service. Mais il faut bien l’avouer, si on nourrit les oiseaux c’est surtout pour le plaisir de pouvoir les admirer au plus près.
Il ne faut pas pour autant que ce geste devienne fatal pour eux, or certaines erreurs sont trop souvent commises et mettent leur survie en danger ! On ne nourrit pas les oiseaux n’importe quand ni n’importe comment.
Voici mes conseils pour aider les oiseaux de nos jardins.

Aider les oiseaux

Pour commencer, si vous voulez réellement aider les oiseaux, le mieux est d’aménager votre jardin pour eux avec notamment divers plantes à fruits et à graines qui vont les nourrir durant toute l’année. Laissez leur ces ressources à disposition en ne nettoyant pas votre jardin avant le début du printemps (un jardin propre est impropre à la vie). Non seulement vous leur apporterez la nourriture la plus saine qui soit, mais en plus vous verrez apparaitre de nouvelles espèces d’oiseaux au fur et à mesure des aménagements effectués dans votre jardin.

La meilleure nourriture pour les oiseaux de nos jardins est celle que la Nature leur met à disposition…

Il est primordial, si vous en avez la possibilité, de leur offrir un habitat protecteur et nourricier naturel, si vous ne le faites pas, les nourrir artificiellement met leur population en péril sur le long terme, particulièrement si vous le faites toute l’année.

Uniquement en hiver !

La période de nourrissage des oiseaux est de fin novembre à début mars. Durant cette période, les oiseaux ont bien du mal car leur ressources naturelles de nourriture se raréfient. Particulièrement dans les zones où la pression humaine est grande. Or c’est justement le moment où ils ont besoin d’énergie pour se tenir au chaud! Alors donnons-leur un coup de pouce en cette période critique mais pas le restant de l’année.

En effet, dès que les températures deviennent printanières, les risques d’épidémies affectant les oiseaux se regroupant autour des mangeoires sont nettement plus élevé. De plus, nourrir les oiseaux toute l’année entraine des perturbations physiologiques : les oiseaux vont avoir tendance à pondre plus tôt avec un net risque d’augmenter la mortalité des jeunes et leur régime alimentaire naturel n’est plus respecté. Celui-ci varie en fonction des saisons et de la disponibilité naturelle de la nourriture, durant la bonne saison la majorité des oiseaux de nos jardins sont insectivores. Ne pas respecter leur régime alimentaire naturel met également leur santé en péril. Enfin, leur donner un coup de pouce ne doit pas leur faire perdre leur capacité à trouver leur nourriture tout seul ! Imaginez ce qu’il adviendra pour des générations d’oiseaux que vous avez habitué à votre générosité quand vous ne serez plus là…

Ce n’est qu’en hiver que les oiseaux de nos jardins ont du mal à trouver leur nourriture seuls…

Les points de nourrissages

Pour commencez, multipliez le plus possibles vos points de nourrissage. Il vaux mieux plusieurs petites mangeoires espacées qu’un seul grand lieu de nourrissage. En multipliant les lieux où la nourriture est distribuée, vous évitez aux oiseaux de trop se regrouper, ce qui diminue les risques sanitaires, de prédations (chats, rapaces,…), ainsi que la compétition et les bagarres entre eux.

Placez vos mangeoires dans un endroit ensoleillé et si possible abrité de la pluie. La zone devra être dégagée pour permettre aux oiseaux de fuir rapidement en cas de danger mais aussi près des arbres ou d’une végétation buissonnante pour qu’ils puissent se percher et vérifier les alentours avant d’approcher et s’y réfugier en cas de besoin.

Mangeoire bien à l’abri dans un roncier mais avec piste d’envol bien dégagée !

Faites attention à la proximité des fenêtres ! Celles-ci peuvent devenir mortelles pour les oiseaux qui viennent s’y cogner… Ne placez donc pas vos mangeoires trop près de ces surfaces transparentes qui donnent l’impression que la zone de vol est dégagée. Si vous constatez le moindre impact d’un oiseau sur une de vos fenêtre (et pas uniquement en hiver), sécurisez-la immédiatement (rideaux en voile, stores baissés, suspensions, stickers en nombre, objets volumineux derrière la fenêtre, …), sinon le prochain « poc » pourra être fatal.

Diversifiez les types de mangeoires et leurs positions afin de contenter le plus de monde possible. Si certains oiseaux aiment se nourrir en hauteur, d’autres préfèrent avoir leur restaurant plus prêt du sol, certains préfèrent les mangeoires où ils peuvent s’accrocher pour grignoter, tandis que d’autres préfèrent pouvoir se poser sur une surface plane,…. Pensez donc à tout le monde.
Vous pouvez ainsi prévoir plusieurs suspensions à différentes hauteurs (distributeur de graine, silos, mangeoires avec toit,…) ainsi que des mangeoires maisons et plateaux plus près du sol (sur piquet, sol dégagé ou sur une table), voir même un nourrissage directement au sol, nombreux sont les oiseaux comme le merle qui aiment farfouiller entre les feuilles mortes après leur pitance.

Un plateau sera apprécié par les oiseaux qui aiment manger au sol comme ce pinson.

Soyez vigilant si votre jardin est fréquenté par des chats, car même si on les adorent, ils sont de redoutables prédateurs dont il faudra se méfier. Mettez vos points de nourrissages dans des endroits inaccessibles aux redoutables félins ou dans des endroits bien dégagés. Vous placerez donc vos suspensions suffisamment en hauteur (1m75 minimum) et sans accès pour l’acrobate et vos points de nourrissages au sol loin des haies ou autres lieux d’embuscades.
Si vous possédez vous même un chat, limitez ses sorties dehors aux heures où il fait bien jour (le meilleur moment pour les chat-seurs d’oiseaux est l’aurore et le crépuscule) et munissez-le d’un collier à grelot quand il sort (mais ne lui laissez pas cet engin de torture acoustique quand il est enfermé).

Les mangeoires sur piquet du commerce sont souvent trop basses et accessibles aux chats. Donnez-leur de la hauteur pour les sécuriser.

Retirez les filets (qui contiennent les boules de graisse, cacahuètes,…), les oiseaux risquent de s’y blesser en s’y prenant une patte (et pire, s’y on ne les en dégage pas avant…), voir même, pour les plus gros spécimens, les avaler avec le reste! Remplacez-les par des distributeurs à 1 ou plusieurs boules trouvables dans le commerce ou recyclez un vieux fouet (suspendu tête en bas), une noix de coco, un vieux bougeoir à pique ou tout autre objet qui pourra remplacer ces filets meurtriers et polluant.

Une nouvelle vie en tant que distributeurs à boules de graisses pour ces bougeoirs.

L’hygiène

Pour éviter que les graines ne pourrissent, effectuez le nourrissage par petites quantités, de préférence le matin au lever du jour, quand les oiseaux ont besoin de trouver rapidement de quoi se sustenter pour combler les réserves qui se sont épuisées durant la nuit, et une deuxième fois en fin de journée.

Gardez les mangeoires propres et retirez les vieux aliments et les fientes. Nettoyez correctement les mangeoires avant de les installer (à l’eau et au savon) et à chaque fois que c’est nécessaire durant la période de nourrissage (particulièrement si vos mangeoires sont visitées par les rats). À la fin de la saison hivernale, nettoyez vos mangeoires et désinfectez-les (à l’alcool ou à la flamme) avant de les remiser jusqu’à l’hiver suivant.

Soyez vigilant lors de l’achat de vos mangeoires… toute comme pour les hôtels à insectes, on trouve de tout dans le commerce, et pas que du bon. Vérifiez que vos mangeoires « tubes » (silos ou trémies à graines) soient entièrement démontables; certains modèles ne permettent pas d’en retirer le fond, ce qui rend un nettoyage complet impossible. Pour les mangeoires en bois, évitez celles en contreplaqué, elles pourrissent plus vite. Bannissez toutes les mangeoires kitchs pleines de peintures nocives et de fioritures où les crasses peuvent facilement s’agglutinées. Si nécessaire, percez des trous dans le fond des mangeoires pour éviter que l’eau ne s’y accumule.

Diversifiez la nourriture et les points de nourrissages et gardez-les propres. (Mésange charbonnière)

La nourriture

Comme les points de nourrissages, variez le type de nourriture distribuée.

Les graines de tournesols seront appréciés par certains (mésanges, pics, pinsons, verdiers, chardonnerets, gros-becs, sitelles,…) alors que d’autres préfèreront du maïs concassé (moineaux, pinsons, bouvreuils, bruants, merles, …), sont aussi appréciés les graines d’orge, de blé, de chanvre, de sésame, d’avoine, de millet, de lin, les flocons d’avoine, … . Les cacahuètes sont aussi très prisées mais elles sont très énergétiques, on les mettra à disposition uniquement quand les températures sont froides et uniquement en petites quantité par temps sec, car quand les arachides deviennent humides, elles peuvent dégager des composés toxiques.
Pour ne pas vous ruiner, les meilleurs endroits où se procurer les graines restent les moulins. vous en avez certainement un près de chez vous, vous pourrez y trouver des sacs de 20 kg de graines de tournesols, de mélange et autre et cela vous reviendra nettement moins cher que les micro-sacs que l’on peut trouver en animalerie ou au supermarché.

Les chardonnerets apprécient les silos à graines !

Plusieurs oiseaux aiment aussi les fruits mûrs (pommes, poires, baies sauvages..) déposés sur un plateau, au sol ou coincés entre deux branches. Les fruits secs (noisettes, noix, faines, amandes, noix de coco) régaleront de nombreux convives, surtout les mésanges. Les larves d’insectes (vers de farine) seront appréciées par les rouges-gorges, grives, accenteurs, étourneaux, merles, sitelles, mais avec modération car riche en protéines ce qui perturbe le système hormonal des oiseaux qui pensent alors que c’est déjà le printemps… Le mieux est même de ne pas en donner.

Même certains restes de vos repas trouveront acquéreurs: feuilles de salade, restes de légumes, riz bien cuit… Mais évitez surtout de donner de la nourriture salée ou trop épicée! Ne donnez rien qui contient du sel rajouté (charcuterie, fromage, chips, plats salés,…). Bannissez le pain, les oiseaux ne le digère pas et cela ne leur donne pas de nutriments… une fausse satiété qui peut être fatale.

Les fruits sont appréciés! (mésange bleue)

Concernant les « boules de graisse » et autres apports de gras, ne les mettez qu’en cas de gel. En effet, le gras peut rancir si les températures sont trop douces et ce n’est que quand il fait très froid que les oiseaux ont besoin d’un apport énergétique plus conséquent. Faites attention aux boules de graisses que vous achetez, particulièrement celles que l’on peut trouver à petit prix et dont les ingrédients sont discutables. L’utilisation de graisse animale pour les fabriquer est d’ailleurs sujette à polémiques, il vaut mieux préférer de la graisse végétale.
Le mieux est encore de les réaliser vous-même en mélangeant des graines et fruits secs avec de la graisse végétale (de tournesol, maïs, colza, cacahuète), formez une boule avec ce mélange ou remplissez-en les trous d’une buche ou une coquille de noix de coco que vous pourrez suspendre.
Saindoux, suif et lard nature seront à réserver pour les corneilles et autres corvidés qui en consomment naturellement dans la nature quand ils se nourrissent de charognes ou par prédation.

Noix de coco remplie avec un mélange de graines et de beurre de cacahuètes, les mésanges adorent !

N’oubliez pas non plus d’offrir à boire à vos petits protégés. Placez un (idéalement plusieurs) abreuvoir qui pourra servir aussi de lieux de baignade. Il doit être peu profond (2,5 à 10 cm maximum), facile à nettoyer et suffisamment lourd que pour ne pas s’envoler ou se retourner (ou alors lestez-le). Changez l’eau régulièrement et brisez la glace dès qu’il y en a. Ne leur donnez jamais d’eau chaude, encore moins salée ou avec de l’alcool pour ne pas qu’elle gèle (sisi, certains le font) !

Une simple soucoupe peut faire un bon abreuvoir.

Enfin, si vous commencez à nourrir les oiseaux en hiver, faites-le jusqu’au bout! Car les oiseaux qui se seraient habitués à venir à vos points de nourrissage se retrouveraient pris au dépourvu!

Vous pouvez maintenant vous installer près d’une fenêtre, dans un fauteuil confortable, un plaid sur les genoux, une tasse de chocolat chaud et une paire de jumelle à la main.

Votre coach, Harmony.

PS : Vous souhaitez apprendre à mieux connaitre les animaux de nos jardins et savoir comment leur aménager un habitat idéal ? Je vous propose pour cela tout au long de l’année l’atelier « le jardin refuge » à Marneffe ainsi que bien d’autres ateliers.

À table!

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