Le mulching – Jardiner sur sol vivant. 67


« Couvrez ce sol que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les terres sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées», voilà bien une phrase qui me traverse la tête chaque fois que je vois une parcelle où la terre est laissée nue… Et Molière n’aurait pas dit mieux !

Vision d’horreur…

Mais pourquoi voir un sol dénudé heurte ainsi mon esprit ?
Pour la plupart des jardiniers, un sol nu, bien désherbé et ameubli, c’est la preuve que l’on chouchoute son jardin, qu’on s’en occupe avec amour… Et pourtant, ce genre de pratique n’est en aucun cas une preuve d’amour, ou alors
le genre d’amour où l’on emploie fouets et menottes…
Jardiner avec la nature, c’est jardiner avec tout un écosystème, or, pour que celui-ci soit efficace, il faut le laisser s’installer, y compris dans le sol !

Quand je vois un Bébert(*) passer son temps à bêcher son jardin et à le désherber minutieusement, je reste toujours admirative devant tant de courage, mais aussi dubitative sur la nature de l’homme…  Pourquoi ce besoin absolu de tout contrôler, tout maîtriser ? Pourquoi ce besoin de vide, d’aseptisation totale? Pourquoi tant de haine ?

Potager typique: légumes en ligne et entre…de la terre nue.

Avoir un jardin « propre » c’est jardiner contre la nature, c’est passer son temps à lutter contre elle alors qu’on lui demande de nous fournir légumes, fruits et belles fleurs. Cela ne vous semble pas contradictoire ?
Regardez en forêt : le sol est-il nu ? Non. Et pourtant, le sol forestier est fertile et bien meuble, bien vivant !  Et ce résultat, on le doit à la nature, juste à elle… et au manteau de feuilles mortes qu’elle dépose chaque automne sur le sol des forêts.

Couvrir son sol, le nourrir, le protéger, accepter ses habitants, voilà une vrai preuve d’amour !
Et tout cela on peut le faire en le « mulchant » !

Mon potager, le sol n’y est jamais nu!

Mais c’est quoi le mulching ?

Mulcher son sol, ou le pailler (le terme français), c’est le couvrir avec un matériau protecteur (le mulch ou paillis) que l’on pose sur le sol.  Le mulch peut être de la matière organique ou minérale. Dans la plupart des cas ce sera de la matière organique végétale. Contrairement à ce que le terme « paillage » laisse croire, on ne mulch pas qu’avec de la paille, mais avec tous les déchets verts ou autres matériaux protecteurs.

Quels sont les fonctions du mulching ?

Mulcher son sol permet de le garder fertile et vivant !

Un mulch va protéger le sol et ses occupants :

Que ce soit contre la pluie battante, le soleil intense ou le froid mordant, mulcher son sol c’est lui offrir une couverture de protection contre les intempéries climatiques.
Une couverture qui va amortir le choc des gouttes de pluie et éviter la formation d’une « croûte de battance », empêcher la perte de sol par lessivage (vous savez, ces eaux boueuses qui se retrouvent dans nos caves en cas d’inondation), diminuer les écarts de températures jour/nuit et assurer un confort thermique pour les occupants du sol et les plantes (moins de stress), offrir de l’ombre contre les rayons mordants du soleil, protéger les racines des plantes et les organismes du sol du gel…
Un sol laissé nu est soumis à toutes ces agressions en permanence. Résultat, chaque année des tonnes de terres fertiles sont dégradées ou lessivées et finissent dans les océans, ce qui est dramatique quand on sait qu’il faut 500 ans à la nature pour créer à peine 5 cm de sol…

Un sol nu est soumis à la battance et au lessivage.

Un mulch va héberger les auxiliaires du sol :

Cette couverture de protection va aussi être bénéfique pour bon nombre d’habitants du sol, des auxiliaires (*) précieux à qui on ne laisse que peu de chance de survie si on laisse son sol nu.
Vers de terres, bactéries, champignons n’aiment pas les environnements trop secs, ils fuient les premiers cm d’un sol nu dès qu’il ne pleut pas. De plus, le fait de couvrir son sol va offrir de quoi se loger à une multitude d’insectes et autres occupants du jardin.
Bien sûr les limaces, campagnols et autres invités « indésirables » vont aussi bénéficier de ce couvert… et tant mieux ! La nature doit s’inviter dans votre jardin, pas de discrimination à faire ! Les limaces seront toujours les premières arrivées dans votre potager, que votre sol soit mulché ou non.  Alors soit vous vous engagez dans une guerre perpétuelle, soit vous laissez faire la nature… Car après l’arrivée des limaces vient celle de leurs prédateurs naturels (carabes, fourmis,
musaraignes,  hérissons, crapauds,…) et ils apprécieront autant que les limaces le mulch que vous leur aurez
fourni ! Il en va de même pour les prédateurs d’autres nuisibles du jardin.
Au final, un équilibre va s’installer : vous aurez toujours des limaces mais vous aurez aussi l’équipe de nettoyage qui régule leur population.

Le mulch permet d’abriter bon nombres d’auxiliaires (ici carabe, grand prédateur de limaces)

Un mulch va nourrir le sol, ses habitants et les plantes:

À moins que vous n’utilisiez un paillis minéral, le mulch sera au menu d’une bonne partie de ses habitants. Il va nourrir les limaces (encore elles !), vers de terre, cloportes,…jusqu’aux champignons et bactéries. Tous ces maillons de la chaine de décomposition qui vont grignoter le moindre fragment de matière végétale jusqu’à les rendre assimilable pour les plantes.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » comme nous l’a si bien appris Mr Lavoisier. Autrement dit, vous allez recycler vos déchets verts pour nourrir vos plantes ! Ce n’est rien d’autre que du compostage de surface qui va produire un bon humus (*).
Mulcher son sol, c’est garantir sa fertilité ! On pourra même adapter son mulch en fonction des besoins nutritifs des plantes.
De plus, puisque les limaces auront de quoi manger, elles s’intéresseront nettement moins à vos légumes ! Et oui, les limaces sont des détritivores, elles préfèrent manger les plantes mortes (ou malades) que vos salades…  exception faite pour les plants transplantés trop chétifs (qui sont en plus stressés lors du repiquage) et certains jeunes semis qu’elles affectionnent particulièrement. Les limaces c’est toute une gestion (cfr l’article « la bouillie borderline de Bébert »).

Cette courge a manqué d’azote dans son pot, elle en aura très vite à disposition grâce à la couche de mulch riche en orties!

Un mulch va garder la fraîcheur du sol :

Protéger son sol par un mulch va le garder bien frais, car il permet une meilleure pénétration de l’eau dans celui-ci, le protège du soleil, limite l’évaporation de l’eau et augmente la teneur en humus (qui fait office d’éponge et retient l’eau).
Les jardiniers confirmés connaissent tous l’expression « un binage vaut deux arrosages » car en binant son sol on casse la croûte qui s’y est formée et on brise le réseau de capillaires dans le sol, capillaires qui permettent la remontée de l’eau et facilitent son évaporation. Avec un bon mulch, inutile de biner, ni même d’arroser souvent car le sol gardera une bonne humidité naturellement !

« Un bon mulch vaut tous les arrosages ! »

Un mulch va améliorer la texture du sol :

Vous vous demandez peut-être encore quel est l’intérêt, pour vous jardinier, de loger et nourrir les insectes et autres bêtes gluantes de vos jardin ? Outre le fait qu’ils vont recycler vos déchets verts en nutriments pour vos plantes et réguler les populations de « ravageurs », ils vont tout simplement « bêcher » le sol à votre place !
Ils vont farfouiller le sol, creuser des galeries, laisser derrière eux un mucus gluant, véritable colle biologique qui va étroitement mêler les particules d’argiles à celles d’humus, incorporer les nutriments dans le sol,…
Bref, toute cette activité va aérer, ameublir et enrichir votre sol au profit de vos plantes !

Je n’ai aucune difficulté à enfoncer ma main dans la terre de mon potager tellement elle est meuble. Et pourtant, j’ai une terre très argileuse!

Bien sûr, on va laisser ce petit monde travailler tranquillement et on va ranger cette vilaine bêche…
Bêcher est non seulement inutile, mais surtout destructeur pour la vie du sol. Il faut savoir que plus on s’enfonce dans le sol, moins il y a d’oxygène… Or les habitants du sol occupent ses différents « étages » en fonction de leurs besoins en oxygène. Du coup, quand on retourne son sol en le bêchant, c’est un peu comme si on prenait un chat pour le mettre dans l’aquarium du poisson et le poisson pour le mettre dans le panier du chat ! Dans le sol c’est pareil ! Les occupants n’apprécient pas du tout ce déplacement forcé, une bonne partie d’entre eux n’y survivront pas (les bactéries se déplacent aussi facilement qu’un poisson hors de l’eau) et les autres seront confrontés aux désagréments qu’un tsunami peut provoquer !
Bien sûr, un tel travail ne va pas se faire du jour au lendemain… Il faut laisser du temps à la nature ! En quelques mois, vous verrez déjà les premiers résultats, et si votre sol est encore trop compact au moment de faire vos semis ou plantations, un coup de grelinette (*) suffira pour l’ameublir et l’aérer sans le retourner.
Tous les sols vont être améliorés en pratiquant le mulching, un sol argileux sera allégé, un sol sableux retiendra mieux l’eau. Mais pour certains sols cela peut prendre plusieurs années… Tout dépend à quel point le sol d’origine est  « mort » et a été dégradé et compacté par des pratiques peu respectueuses…

Le mulching permet d’obtenir une terre meuble, aérée, riche en humus.

Un mulch va limiter les adventices :

Enfin, cerise sur le gâteau, outre le fait de vous débarrasser des corvées de bêchage et d’arrosage, le fait de couvrir votre sol va aussi vous faciliter grandement la corvée de désherbage !
La nature déteste le vide ; quand on laisse son sol nu il ne le reste jamais longtemps et on y voit très vite des plantes s’installer.
On les traites d’indésirables souvent avant même d’avoir essayé de les identifier, mais la tolérance aux « mauvaises herbes » n’étant pas le sujet de cet article, je me contenterais d’attirer votre attention sur le gain d’énergie que vous pourrez faire en mulchant votre sol.
En effet, un sol nu est une place vacante où la moindre graine qui tombe dessus à tout le loisir de germer. De plus, le sol regorge de graines qui n’attendent que le bon moment pour se manifester, elles n’ont donc même plus besoin d’arriver sur place, elles y sont déjà ! En couvrant votre sol, vous rendez la venue de ces indésirables bien plus difficile, et si elles arrivent quand même à s’incruster, elles seront nettement plus faciles à déloger que sur un sol nu devenu dur.

Le sol est gardé « propre » grâce au mulch.

On peut même désherber naturellement avec du mulch ! En privant simplement la végétation de lumière. Pour ce faire, on utilisera un matériau perméable à l’eau et à l’air, mais pas à la lumière, comme du carton par exemple. Bien sûr, on choisira son carton avec soin ; du carton brun, sans scotch, sans encre, qui n’a pas transporté des denrées  alimentaires depuis l’autre bout du globe (car il sera alors traité avec des insecticides et fongicides).
Pour désherber une parcelle, il suffit donc de tondre (si la végétation est trop haute), de déposer une couche de carton et ensuite minimum 20 cm de matière carbonée (paille ou feuilles mortes) et de laisser faire la nature. Selon la végétation à éliminer, le sol sera ainsi désherbé en quelques semaines ou en quelques mois. En plus, les ouvriers de la nature nous l’auront préparé pendant ce temps !
Cette méthode à toutefois ces limites, certaines plantes sont tenaces et les priver de lumière ne suffit pas, d’autant plus que certaines percent le carton sans problème. Si vous devez désherber des plantes plus coriaces comme de la ronce, il faudra vous armer de courage et arracher scrupuleusement  les racines de ces indésirables avant de couvrir votre sol, les rejets de ce qu’il reste de racines auront moins de vigueur pour percer le carton…

Désherbage en cours…

Mulcher son sol, cela permet donc en un seul geste de s’éviter bien des corvées tout en améliorant son sol !

Avec quoi mulcher ?

Cela va dépendre principalement de deux choses : ce que vous avez à votre disposition comme mulch et la fonction de la parcelle que vous devez mulcher.

Pas la peine d’aller très loin pour trouver de la matière pour couvrir votre sol. Regardez autour de vous : feuilles mortes, adventices (*), paille, restes de légume, foin, tontes de pelouse, broyat de branches, tailles de haie,… La nature nous fournit en permanence de quoi couvrir son sol, commencez donc par regarder ce que vous avez à disposition avant de vous précipiter dans votre jardinerie pour un nouvel achat… Et si vous manquez de matière, réservez un coin de votre jardin pour la produire en plantant des graminées (miscanthus par exemple), des orties, de la consoude, du lin, … où allez trouver vos voisins qui entassent leurs déchets verts avant de les brûler ou de les conduire à la déchetterie !

Le mulch, c’est du compostage de surface. Et comme pour un bon compost, on va varier les apports entre ceux qui sont riches en azote (verts, souples et humides : tonte de pelouse, adventices, déchets verts, …) et ceux qui sont
riche en carbone (bruns, rigides et secs : paille, écorces, broyats de bois morts,…) et tous les intermédiaires (feuilles mortes, BRF (*), foin, herbes séchées…). Il faut bien respecter cet équilibre au risque de provoquer une faim d’azote ou une asphyxie du sol.

Le mulch se décompose, nourrit le sol et fini en humus.

Le sol est comme nous, il doit manger sain et équilibré et en fonction de ce qu’on lui demande de produire… Un athlète de haut niveau ne va pas avoir les mêmes besoins qu’un bibliothécaire !
On va donc lui donner du mulch sain (qui n’a subi aucun traitement ! Une pelouse qui a reçu du désherbant sélectif est à proscrire par exemple) et adapté selon les fonctions principales qui nous intéressent.

Pour un potager en période de production, on cherche avant tout à nourrir son sol et à l’ameublir, on va donc se tourner vers des matières organiques qui vont se décomposer rapidement et apporter beaucoup d’éléments minéraux aux plantes tout gardant une certaine « structure » qui permet le passage de l’air. Les tontes de pelouse, par exemple, se décomposent rapidement et sont un bon apport azoté garantissant la production de feuilles, mais elles n’ont aucune structure. Si on en met en grande quantité, particulièrement si elles sont fraîches, elles vont vite former une bouillie pâteuse qui ne se décompose pas convenablement et qui va asphyxier le sol, exactement le contraire de ce que l’on recherche ! On va donc mettre ces tontes de pelouse en faible épaisseur ou en mélange avec un peu de paille ou toute autre matière qui garantira l’aération du mulch.

Vieux mulch et tontes de pelouse.

Pour un parterre à vocation ornementale, on souhaite surtout que le mulch protège le sol et limite l’invasion des adventices, on va donc se tourner vers un paillis épais qui va bien couvrir le sol et durer longtemps (écorces, broyat de bois, copeaux ou cosses de coco,…).  On peut aussi donner de la couleur à son parterre en choisissant un mulch naturellement coloré. Bon, là il faudra se rendre dans une jardinerie pour en trouver, à moins d’avoir du cèdre rouge qui pousse en quantité dans son jardin…
Bien sûr, on n’oubliera pas d’apporter de temps en temps de la matière azotée. Les tontes de pelouse peuvent ici aussi servir, il suffit d’en mettre une faible épaisseur sur le paillis en place, elles seront vite décomposées et ne seront donc visible que peu de temps.

Mulch de broyat d’écorces.

Certains mulch sont considérés comme acidifiants (aiguilles de conifères, écorce de pin maritime, tontes de pelouse,…), en fait cette « acidification » est temporaire. L’acidité d’un sol dépend avant tout de la nature de sa roche mère et ce n’est pas le fait de rajouter un mulch « acide » qui va y changer grand chose sur le long terme… Si rien ne pousse sous une sapinière, c’est tout simplement parce que les racines des sapins ne laissent ni eau, ni nutriments pour les autres plantes qui ont de surcroît un mulch épais qui les empêchent de s’installer.
Ces matériaux « acidifiant » (aiguilles et écorces de résineux) sont en fait difficiles à digérer par les bactéries du sol (cuticule cireuse, tanins,…) et cela peut provoquer une acidification temporaire de celui-ci. En effet, les bactéries, étant plus petite que ce qu’elles ingèrent, font leur digestion à l’extérieur; elles libèrent leur suc digestif qui dissout la MO et peuvent ainsi l’absorber décomposée, or, tout comme nous quand on a du mal à digérer, si la MO est difficile à décomposer cela fait un « reflux gastrique » (les bactéries doivent libérer beaucoup de sucs digestifs pour décomposer la MO ce qui acidifie la terre). De plus, les aiguilles de sapins étendues en couche épaisse, ne laissent pas l’air circuler, encore une cause de mauvaise digestion. Quand à la tonte de pelouse fraîche, c’est si on en met trop d’un coup, qu’elle se tasse et manque d’oxygène que la digestion se passe mal, aucun problème si la couche est fine.
On peut néanmoins utiliser ces déchets verts « acidifiants » pour mulcher nos parcelles tant qu’on les mélange avec de la matière organique plus facile à digérer. On conseille souvent un apport de maximum 20% ou 1/3 (selon les sources) de mulch acidifiant.
Pour un parterre de plantes acidophiles, on utilisera de préférence ces matériaux acidifiants .

Pour les parterres ornementaux toujours, et principalement ceux contenant des plantes méditerranéennes ou de rocailles, on peut aussi se tourner vers un paillis minéral (éclats de schistes, pouzzaline, billes d’argile,…). Bien sûr, celui-ci ne va pas nourrir le sol, mais il garantira les autres fonctions du mulch ainsi que pour certain d’entre eux (les plus foncés) un « chauffage d’appoint » pour les plantes qui apprécient…Attention toutefois avec ce genre de mulch minéral, surtout sur une grande surface, avec les canicules que l’on connait un parterre ainsi mulché devient vite un four, il faudra le planter densément avec des plantes bien résistantes à la chaleur.

Enfin, le meilleur des mulch est un mulch vivant !
Pensez donc aux plantes couvre-sol pour vos parterres ornementaux, comme le lamier ou le lierre terrestre par exemple,  et aux engrais verts(*) pour votre potager !

Pour avoir toutes les fonctions du mulch, on utilise de la matière végétale saine (bio) et variée  (C/N).

Quand  mulcher ?

Toute l’année ! Le sol doit toujours être couvert… de plus, le mulch organique se décompose, il faut donc le renouveler régulièrement.

En pratique, on va suivre le rythme de la nature : en automne elle nous donne des feuilles mortes en quantité, au printemps on tond sa pelouse et on désherbe, de même en été où l’on pourra aussi récolter du foin ou de la paille,…

Il y a toutefois des périodes de prédilections pour les apports important de mulch.
Je vous parlais plus haut de la faim d’azote, celle-ci peut être provoquée si on utilise trop de mulch carboné et particulièrement au début du printemps. Les bactéries, dernier maillon de la chaine de décomposition, ont besoin d’azote pour digérer la matière organique (et donc restituer de l’azote dans le sol), lorsque l’on mulch son sol, on peut donc parfois observer cette faim d’azote.
De plus, les bactéries sont paresseuses quand il fait froid jusqu’à cesser toute activité si les températures descendent de trop. Donc, fatalement, si on ajoute du mulch pauvre en azote quand le sol est encore froid, celui-ci se fait vite dépouiller de son azote le temps que tout ce monde minuscule s’active correctement.
Pour éviter cela, on fera les gros apports de matière carbonée en automne, quand la végétation entre en repos (et puis, ça tombe bien, c’est à ce moment qu’on a la paille et les feuilles mortes…) pour bien protéger son sol durant l’hiver.
Et on attendra que le sol soit bien réchauffé (fin du printemps) pour refaire un bon apport en vue de protéger le sol de la chaleur estivale.
Des apports de matière azotés se feront tout au long de la période de production végétale.

Fin de l’automne, une bonne couche de mulch pour protéger le sol du froid de l’hiver.

Les gros apports de mulch se font en fin d’automne et en fin de printemps.

Quelle épaisseur de mulch mettre ?

L’épaisseur de mulch à mettre dépend de deux éléments : le mulch utilisé et la végétation présente sur le sol.

Plus le matériau utilisé est grossier, structuré, aéré, plus la couche que l’on met peut être épaisse; à l’inverse, plus il est mou, manque de structure et à tendance à se tasser, plus la couche sera mince ou alors on l’utilisera en mélange avec une matière plus rigide. De la paille laissera bien mieux l’air circuler que de la tonte de pelouse et ne se tassera pas aussi fort, on pourra donc en mettre sur une épaisse couche (20 cm minimum) contrairement à la tonte (1 à 2 cm maximum).

De gros copeaux de bois peuvent sans problème être étalés sur une grosse épaisseur.

De même, on ne va pas mulcher de la même manière un sol où les plantes sont bien développées qu’un sol qui vient de recevoir des semis.

Pour des semis, on utilisera une faible épaisseur de mulch, et donc un mulch fin. Plus le semis est fin, plus le mulch le sera. En fait, on prend simplement en compte l’épaisseur du mulch dans la profondeur d’enfouissement de la graine. Il faut bien penser que les graines doivent percer le sol et le mulch pour voir la lumière. On mettra donc plus de mulch sur des tubercules de pommes de terre (>20 cm) que sur des graines de carottes (< 0,5 cm). Bien sûr, il faudra débarrasser le sol du vieux mulch encore présent avant de semer, les graines doivent germer dans la terre et pas dans le mulch. Ce vieux mulch pourra être réutilisé ensuite comme paillis ou composté.

Évitez aussi de mulcher tout contre les légumes que vous venez de repiquer, laissez-leur le temps de se remettre de l’opération en laissant leur collet « à l’air libre ».

Patchwork de mulch au potager, en fonction des semis et plantations.

Certains matériaux, comme les feuilles mortes, produisent des substances inhibitrices qui empêchent la germination des graines, mais ces substances sont assez rapidement décomposées, les restes de feuilles mortes déposées en automne ne risquent pas de gêner la germination des graines au printemps, sauf si on les laisse en couches épaisses.

Pour les semis les plus fins et fragiles (comme ceux de carottes), j’utilise des paillettes de miscanthus, de lin ou encore de chanvre, ils recouvrent bien le sol même avec une fine épaisseur et sont faciles à percer pour les délicats plantules.

 

Jeunes pousses de carotte au travers d’un paillis de paillettes de miscanthus.

Par la suite, au fur et à mesure que les plantes grandissent, on pourra augmenter l’épaisseur de mulch en fonction des besoins de la plante. Les plantes qui n’aiment pas avoir de l’humidité à leur pied seront moins paillées que celles qui demandent un sol frais.

Pour les plantations dans un sol mulché, on écarte simplement le mulch en place et on le remet autour de la plante une fois celle-ci installée en adaptant l’épaisseur du mulch en fonction de ses besoins (on en retire ou on en rajoute).

Parfois, on peut aussi retirer la couche de mulch un moment, le temps que le sol se réchauffe. On le fait lorsque l’on souhaite semer de manière précoce (début du printemps) et lorsque le soleil est bien présent pour réchauffer son sol, pour que la terre soit plus vite « amoureuse ».
C’est alors le bon moment pour ajouter un éventuel apport de compost, celui-ci étant de couleur foncée, il aidera le sol à se réchauffer en plus de l’amender.
Le compost est d’ailleurs considéré comme un mulch, mais pour bien faire, il ne faut pas le laisser exposé à l’air libre trop longtemps car il sèche vite. Généralement on a tendance à l’enfouir en surface, mais le couvrir avec un autre mulch est encore mieux.

Au printemps, on retire parfois le mulch pour ajouter du compost et laisser la terre se réchauffer.

Fin de l’automne on peut se lâcher sur l’épaisseur de paillis afin de protéger son sol pour l’hiver. Celui-ci sera décomposé au fil du temps et il ne restera plus qu’à retirer le surplus si la couche est trop épaisse pour des semis ou
des plantations.

L’épaisseur du mulch varie de quelques millimètres à plusieurs dizaines de cm en fonction du mulch lui-même et de ce qu’il recouvre.

Derniers conseils en vrac :

Ce n’est pas uniquement aux pieds des légumes que l’on paille, c’est sur l’ensemble de la parcelle !

Utilisez uniquement des matériaux qui n’ont subit aucun traitement. Des résidus de pesticides, herbicides, fongicides ou autres joyeusetés qui finissent en « cide » apportés par un mulch contaminé risquent de nuire à la santé de votre sol, de ses habitants et de vos plantes.
Soyez donc certains de votre source d’approvisionnement. Si vous ne trouvez pas de paille ou de fumier « bio », vous pouvez les utiliser quand même, mais après les avoir « rincés » en les laissant plusieurs mois sous la pluie…

Des champignons se développent dans la paille que vous avez mis « à rincer »? C’est qu’elle est prête à l’emploi!

Le paillage va certes maintenir le sol plus humide, mais en cas de sécheresse prolongée il faudra quand même arroser. Hors, si on arrose sur le mulch, c’est celui-ci qui va se gorger d’eau et non le sol… Il faut donc arroser sous le paillis, surtout si celui-ci est épais. Soit on soulève le mulch pour arroser en-dessous, soit on « plante » l’embout de l’arrosoir dans le mulch jusqu’à ce qu’il soit en contact avec la terre, soit on bricole un système d’arrosage en profondeur, comme par exemple un tuyau d’arrosage percé que l’on fait serpenter sous le mulch…
Pour que l’arrosage soit efficace, il faut qu’il soit assez conséquent pour que la terre se réhumidifie en profondeur. Dernière précision concernant l’arrosage; utilisez de préférence l’eau de pluie tempérée. L’eau du robinet n’est pas top pour les plantes et les auxiliaires du sol (chlore, calcaire, fluor,…) et en plus elle est généralement trop froide…

Afin de ne pas détruire le merveilleux travail effectué par les ouvriers du sol, on ne va évidement pas piétiner les parterres que l’on a mulché. On va donc créer des allées de circulation ou installer des « pose pieds » au sein des parterres afin de ne pas tasser inutilement le sol en marchant dessus. Et ces allées, vous pouvez les former avec du mulch !

Ne piétinez pas vos planches de culture, prévoyez des allées de circulation.

Vous pouvez aussi y semer de l’engrais vert (du trèfle ou simplement de la pelouse) pour en faire des allées vivantes. Ou y déposer des écorces de pin (10-15 cm) ou tout autre matériau résistant au piétinement (copeaux de bois, …). Afin que ce paillis reste en place, l’idéal est de décaisser l’allée sur 10 cm, afin que les écorces arrivent juste au niveau de l’herbe ou des massifs. Pour éviter le développement des adventices dans vos allées d’écorces et pour empêcher que celles-ci ne s’enfoncent dans la terre, vous pouvez placer un feutre horticole ou un géotextile sous la couche d’écorces. vous pouvez aussi ne pas mettre ce genre de toile, il faudra alors renouveler plus souvent la couche d’écorces mais au moins, l’humus produit par sa décomposition servira aussi aux parcelles avoisinantes (merci le ver de terre!).

Concernant les bâches horticoles « géotextiles » justement, elles sont aussi vendues comme « toile de paillage » en jardinerie. Si vous voulez mon avis là-dessus, gardez votre argent pour des choses plus utiles ! Outre l’aspect inesthétique de la chose, les adventices comme le chiendent auront vite fait de recouvrir votre « magnifique bâche ». Et contrairement à un mulch qui va se décomposer et améliorer le sol, la bâche n’aidera pas non plus au désherbage puisque les racines des adventices qui la colonisent par le haut vont s’entremêler dedans, rendant leur arrachage bien plus compliqué que si elles étaient dans un sol naturellement ameubli…
Il existe par contre des toiles de paillage réellement biodégradables (en chanvre, en lin, en toile de jute,…). Celles-ci ne vont pas nourrir le sol mais au moins elles s’y intègre mieux que ce soit pour l’esthétique ou la décomposition. Ce genre de toile pourra bien protéger vos plantations de fraisiers ou de vivaces et permet d’y rajouter des couches de mulch par dessus (par exemple des copeaux de bois que vos fraisiers apprécieront) mais ne sera pas évidente à utiliser sur le long terme au potager vu que les légumes « changent » au cours des saisons et qu’il faudra donc soit les replanter toujours dans les mêmes trous, soit refaire de nouveaux trous…

Ces « mauvaises herbes », parlons-en aussi, si vous ne placez pas de carton sous votre mulch pour vous en débarrasser, désherbez avant de mulcher. Le mulch limite l’installation de nouvelles plantes mais protège celles qui sont en place…

Un mulch fraîchement placé risque de s’envoler ou de se faire éparpiller par les oiseaux (merles, poules, …). Pour éviter ce désagrément, placez par-dessus des branches ou des pierres pour le maintenir en place. Au bout d’un moment (qui dépendra de plein de choses dont la nature du mulch), celui-ci sera mieux ancré au sol et ne risquera plus de prendre la poudre d’escampette !

Lorsque vous désherbez, n’exportez pas la matière et laissez-la sur place, déposez simplement les adventices sur le mulch en place. Quelques précautions à prendre tout de même, on ne mulch pas avec des adventices montées en graines et on laisse sécher celles qui pourraient facilement se ré-enraciner.

Enfin, en mulchant votre sol, vous allez voir des champignons pointer le bout de leur chapeau.
Pas d’inquiétude à avoir (à moins de les consommer), c’est le signe que votre sol est vivant !
Les champignons sont de précieux auxiliaires du sol qui dégradent la matière organique et aident les plantes à l’assimilation des éléments nutritifs. D’ailleurs, pas besoin d’attendre qu’ils fructifient pour les voir, les fins filaments blancs qui se développent dans votre mulch, ce sont eux, c’est du mycélium.

Je pourrais vous parler encore longuement du mulching, mais je pense que vous avez déjà suffisamment à digérer avec tout ce que vous venez de lire.
Et puis, la meilleure façon d’apprendre est de tester !

Si vous voulez en savoir plus sur le mulching ou sur le jardinage au naturel, je vous propose des ateliers sur « le sol et les supports de culture » tout au long de l’année à Marneffe (entre Liège et Namur), n’attendez plus pour vous y inscrire !

Prenez soin de votre sol, il vous le rendra bien !
Votre coach, Harmony

PS: si vous voulez en apprendre plus sur le jardinage au naturel n’hésitez pas à aller voir ce que je propose comme ateliers …


Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

67 commentaires sur “Le mulching – Jardiner sur sol vivant.

      • Vincent Beelieve

        super bel article. Tout à fait d’accord. Je sais aussi que lors des formations vous insistez sur le point quand on ‘mulche’ il est important de travailler de manière circulaire. L’apport de paille pour démarrer, pas de problème, mais tous les ans ce n’est pas durable. Et pour le mythe des cartons bruns, il existe un reportage (que je ne retrouve plus) qui décrit leur fabrication. Bcp sont faites de cartons recyclés (pas moyen de selectionner l’origine comme le suggère l’article) et pour uniformiser la couleur et qu’ils soient bien bruns ? Un petit coup de produits chimiques… Quand à notre paille, sauf si elle est bio, alors l’utiliser c’est soutenir l’agroalimentaire. Par pragmatisme je le fais (carton ou paille en fonction de ce que je trouve) une fois au démarrage. Personne n’est parfait.
        J’ai aussi installé une toilette sèche au jardin et récupére un max les urines domestiques (je sais ces n’est pas glamour, mais pensez un instant à ce que le glamour a fait de notre planète). Ça c’est circulaire. Ce que je prends à la terre je le lui rends. Et je ne consomme pas d’eau potable pour rien… Et je rends le phosphore à la terre. A le phosphore, trop souvent absent de nos stratégies maraîchères ..
        Bravo Harmony, continue ‘z à former et convaincre… Vincent

  • Laurence

    Et oui avant je trouvais les vers de terre dégoûtant et maintenant je suis toute contente de les voir dans la terre du potager! Ça fait un an que je met du mulch sur une terre argileuse et cela change déjà de couleur. J’en suis enchantée. Merci de vos conseils

    • Harmony Auteur de l’article

      Et ce n’est qu’un début! vous allez voir l’amélioration de votre terre au fil des ans ^^
      Merci pour le merci 😉

      • Nelly

        Merci pour tous ces conseils..je repars de 0 ce printemps dans mon petit potager. Peu de rendement été dernier avec sol baché car trop de mauvaises herbes et pas le temps de m’en occuper. J’ai tout enlevé fin été et la terre est restée nue. Je l’ai ouverte un petit peu car très très dure. Elle chauffe bien ces derniers jours. Si j’ai bien suivi, à présent je la nourris puis place le système d’arrosage ensuite cartons vierges + tonte et feuilles séchées. Ça peut le faire pour de jolies tomates, concombres et fraises? Merci Nelly

        • Harmony Auteur de l’article

          Bonjour Nelly,

          le mieux aurait été de mulcher avant l’hiver pour que cela « travaille » pendant la mauvaise saison. Pour cette année, commencez par aérer et décompacter votre sol avec une grelinette (ou une fourche bêche), de manière à l’aérer sans le retourner. Vous pourrez ensuite semer ou planter vos légumes puis les mulcher (mulch très fin pour les semis comme du paillis de miscanthus ou de chanvre). pas besoin de carton si le sol est désherbé. Ce n’est qu’à la fin du printemps que vous mettrez une bonne couche de mulch (par exemple du foin regarni avec de la tonte de pelouse chaque fois que la tondeuse est de sortie). Par la suite, continuez à couvrir votre sol en respectant les conseils de l’article et vous verrez que celui-ci deviendra d’année en année de plus en plus meuble et fertile 😉

  • Nadine

    Je débute dans le jardinage. J’ai acheté du mulch de chanvre que j’ai mis au pied de mes plantations. Je vais finir de mulcher tout le terrain les jours prochains. Est ce que j ai bien fait ?

    • Harmony Auteur de l’article

      Vous avez bien fait de commencer à mulcher votre sol, mais réservez plutôt le mulch de chanvre pour vos semis et vos plantes en pots. Regardez autour de vous, vous avec certainement ce qu’il faut pour mulcher à portée de main 😉

  • raymond

    bonjour a tous,bravo a vous harmony pour vos bons conseils d’une grande pertinence,ainsi avec de bons paillages biens epais constitues de tontes de gazon,de brf,de feuilles mortes,,déchets de cuisine,etc ,tomates sans arrosage,courgettes tres peu d’arrosages aubergines, ainsi que haricots verts ,poivrons,.les paillages epais permettent de dispenser ou d’espacer fortement les arrosages ce qui est grandement appreciable avec les secheresses actuelles et surement aussi futures,alors paillons,paillons l’eau est trop precieuse pour etre utilisee si l’on peu eviter de la gaspiller

  • Nadine Hirlam

    Bonjour , je viens juste d’acquérir une parcelle de jardin déjà paillée j’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article, vos conseils . Merci beaucoup .je débute ..

  • Berthouloux Martine

    Génial vous m’avez convaincu j’ai d’ailleurs essayé dans mon potager l’année dernière d’utiliser la tonte de pelouse que j’avais faite séchée avant de l’étendre entre mes plants de tomates je n’ai pas eu de mauvaises herbes et j’ai cet automne semé de la moutarde pour occuper le sol et bénéficier d’un engrais vert. Merci beaucoup pour vos conseils.

  • ROBERT

    Bonjour!
    Novice en jardinage et en cette période de confinement, je souhaiterai mettre en place un potager. Grâce à vos conseils, j’ai vraiment pris conscience de l’importance de la symbiose de tous les organismes vivants et présents dans notre jardin! Votre article est très bien enseigné.Merci 🙂 Nous sommes au début du printemps et j’ai déjà commencé à aérer le sol. Je n’ai pas planté de graines pour le moment, un ami jardinier me réserve des plans de légumes (début mai). En attendant, je peux déjà placer un mulch? Lequel en particulier?
    En vous remerciant!

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour et merci pour votre retour.

      Vous pouvez déjà placer un mulch sur votre potager, mais peu épais là où il y a des graines et cela va dépendre de celle-ci. Des graines plus grosses comme les fèves ou les pois peuvent sans souci passer à travers un fin mulch de foin (2-3 cm), pour des graines plus petites comme les carottes, il vaut mieux utiliser des paillettes (chanvre, lin, miscanthus,…) sur une très faible épaisseur (< 0,5 cm). Et un petit apport de tonte fraîche (1 cm) sera aussi bienvenu. Bon confinement et bonne découverte du jardinage 😉

  • Gladys Lopes

    Bonjour Harmony, Un grand merci pour votre article très détaillé. Nous débutons en jardinage et avons décidé tardivement de faire un potager. Notre terrain étant jonché d’ajoncs jusqu’à il y a peu, nous avons dû retourner notre sol pour y déterrer leurs énormes racines et notre compost n’étant me semble-t-il pas assez décomposé, nous avons ajouté au sol sableux du fumier de bovins (pas trop) pour enrichir notre sol (c’est tout ce que nous avons trouvé ici en cette période de confinement). Mais nous souhaitons effectivement jardiner au maximum avec la nature qui nous entoure. Nous avons beaucoup d’arbres résineux tels que des eucalyptus dans notre jardin, mais j’ai cru comprendre que ni leurs feuilles ni leurs écorces ne pouvaient servir de compost du fait de leur résine. Est-ce bien le cas? Par chance, nous trouvons également de nombreux chênes dans la forêt alentour. C’est une aventure qui commence là, nous avons récupéré nos plants mais j’ai peur qu’il soit un peu tôt pour les planter… J’ai vraiment hâte que cela prenne forme! Bonne journée 🙂

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      les feuilles et l’écorce d’eucalyptus ou de résineux (l’eucalyptus n’est pas un résineux), comme tout élément végétal, peuvent être compostées ou utilisées en mulch.
      Les feuilles d’eucalyptus, comme d’autres feuilles telles celles de noyer, peuvent gêner la germination d’autres plantes, mais les substances inhibitrices responsables seront dégradées lors du processus de décomposition, comme tout autre substance organique toxique ou « néfaste ».
      On peut dons les mettre au compost ou les utiliser en mulch (en automne, pas au printemps, pour laisser la décomposition agir).
      Le problème viendrait plus du fait que les feuilles d’eucalyptus sont riches en carbone et mettent parfois du temps à se décomposer. Un petit coup de tondeuse préalable pour prémâcher le travail et le respect du rapport C/N (en ajoutant de la matière azotée comme de l’ortie ou son purin) et le tour est joué 😉
      Enfin, l’eucalyptus, comme les résineux, sont légèrement « acides », mais comme dit dans l’article, ce n’est pas cela qui va provoquer l’acidification du sol.

  • Julien

    Les tailles de haie semblent convenir. Mais dans le buis notamment, il y a des alcaloïdes. Peut-on vraiment l’utiliser dans le potager ? Merci

    • Harmony Auteur de l’article

      Oui.
      Les alcaloïdes sont des molécules à bases azotées qui vont être décomposées au même titre que toute substance organique en éléments de bases (notamment de l’azote). Les plantes vont réassemblés ces éléments sous d’autres formes. Ainsi aucun risque pour nous de ce faire empoisonner au cyanure, par exemple, si on utilise du laurier rose en mulch (à moins de manger son mulch…),le cyanure est l’assemblage de molécule d’azote et de carbone, il en va de même pour les alcaloïdes.
      Je conseillerais toutefois de l’utiliser en mélange avec d’autres matériaux à cause de sa quantité élevée de tanins, au même titre que des feuilles de chêne.

  • raymond

    bonjour Harmony,jolie prestation oh combien juste,pourquoi lutter contre la nature alors si on l’aide et la respecte elle est tellement genereuse.la premiere chose quand j’ai decide un potager,l’achat d’un bon broyeur,car un terrain entoure de haies ,d’arbres tellement de carbone a disposition,pour les champignons,l’herbe de tontes,dechets de cuisine,voisins qui se debarrassent branchages ,tailles et tontes sont les bienvenus,les tontes apportent les bacteries et l’azote pour bruler ce merveilleux carburant qu’est le brf ,merci de me conforter dans cette idee que sans rien d’autres que tout ces « dechets »or du jardin aucun besoin d’engrais,cependant un petit probleme quelques fois les mulots qui trouvent la terre facile et le casse croute interessant mais il faut aussi laisser une part a la nature

    • Harmony Auteur de l’article

      Merci ^^
      Les mulots peuvent effectivement apprécier le terrain… mais comme vous le dites, il faut une part pour la nature, et voir le bon côté des choses, leurs galeries aèrent et drainent le terrain… lol

  • Martin

    Bonjour,

    Merci beaucoup pour ce résumé bien instructif. Je n’ai juste pas compris la phrase: « Afin que ce paillis reste en place, l’idéal est de décaisser l’allée sur 10 cm, afin que les écorces arrivent juste au niveau de l’herbe ou des massifs. ».Voulez vous dire qu’il faut retirer 10cm de terre dans les allées pour les remplacer par de l’écorce? Je vais faire un potager su un couche assez mince de terre (20cm avant la roche). Il est donc vite assez sec. A part le mulching, conseillez vous de rajouter une grosse couche de terre type remblais sur tout le terrain (10 ares) ou plutot de faire des structures en bois type bac de 20cm de hauteur a meme le sol pour monter le niveau de la terre dans ces bacs? Merci beaucoup!!

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      vous avez bien compris la phrase: « décaisser » c’est bien creuser.
      Pour votre potager, 20 cm de terre ce n’est clairement pas assez que pour y faire pousser tous les légumes (surtout les légumes racines), je vous conseille des bacs.
      Plusieurs possibilité s’offrent à vous, comme par exemple utiliser la terre décaissée des allées pour remplir vos bacs (attention ceux-ci doivent bien être sans fond pour garder un contact avec le sol), vous pouvez aussi remplir vos bacs avec la technique des lasagnes (couches de fines couches de MO carbonées et azotées en alternance), voir faire des buttes, selon la configuration du terrain.
      Si jamais vous habitez dans le coin de Marneffe (entre Liège et namur), mon atelier « le sol et les supports de culture » devrait vous intéresser 😉

      • Martin

        Rebonjour,

        Tout d’abord merci beaucoup pour votre réponse si rapide! 🙂

        Oui, je pensais effectivement faire des bacs… Quelle hauteur préconisez vous? En faisant des petites recherches, j’ai cru comprendre que 20cm était l’idée car si je mets plus de terre, j’aurais des bacs qui deviendrait fort sec… Pour les bois des bacs, quel type de vernis/huile utiliser pour ne pas contaminer mes plantations? Huile de lin?

        Merci!

        PS: je vais habiter à Floreffe, pas trop loin donc 😉

  • Martin

    Une autre question si je puis me permettre ;), j’aimerais transformer ma pelouse cette automne en sol prêt au semi au printemps. Que se passe t’il si je mets du mulch tout l’hiver sans carton en dessous ? (je n’ose pas trop utiliser le carton, de peur des produits dedans). J’ai aussi peur que mon mulch s’envole, cela vaut ‘il la peine de le mettre sous bache tout l’hiver pour etre sur que ça reste bien en place?

    Merci encore!

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      le carton sert de désherbant, une couche de mulch risque de ne pas suffire pour cela même si elle est épaisse.
      Pour les produits dans le carton, il ne faut pas non plus en faire une parano, surtout si c’est pour une pelouse et pas un potager.
      Si vous mettez une bâche sur le mulch pour ne pas qu’il s’envole, vous allez priver le sol d’eau et la vie de celui-ci ne va pas apprécier (de même que le mulch qui ne va pas bien se décomposer).
      Vous retrouverez tous mes conseils pour créer une pelouse vivante ici.

      • Martin

        C’est pour le moment une pelouse mais j’aimerais en faire une terre meuble et « amoureuse » prête au printemps prochain… Où trouvez vous des cartons vierge? (j’ai lu que les encres sur les cartons contenaient des métaux lourds…). Pour la bâche je pensais utiliser une bâche type « mypex » qui laisse passer l’eau… Mais c’est sur, c’est du pétrole :/

        • Harmony Auteur de l’article

          Je me fourni en carton auprès des entreprises et magasins qui reçoivent leurs livraisons dans de gros cartons bruns et ils sont heureux de me les donner.
          Si c’est une bâche « géotextile » qui laisse le sol respirer, pourquoi pas, à vous de voir (bon, si elle traine déjà chez vous, sans soucis, mais si il faut l’acheter, cela demande réflexion 😉 )

  • LENTHIEZ Roger

    merci pour tous ces conseils,je jardine depuis l’age de 5ans ,je me promenais dans les pdt avec une boite de conserve pour ramasser les doryphores,le beau jardin sans herbe et bien béché,par contre(dans le nord)avec comme seul engrais,celui des toilettes diluées avec du sulfate de fer que l’on répandait à l’automne dans les rayons creusés..Cet épisode manquait dans le film « bienvenue chez lez chtis »surtout qu’ils ont constriuts des corons ou il n’y en avait pas alors qu’ils les avaient sur place….
    bref maintenant à 76 ans je jardine en corse et pratique la phénoculture (jardin du paresseux et espére en trouver les avantages avant que mes os m’empéchent de descendre mes 40 escaliers qui me ménent au jardin.J’ai beaucoup de dechets à broyer et pour la saison prochaine faut-il retirer le foin pour l’étaler dessous ou l’épandre dessus,merci de vos conseils.
    cordialement.

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,

      La feuille morte tombe de l’arbre pour se déposer sur le sol et y être enfouie au fur et à mesure de sa décomposition…
      La matière organique la plus fraiche est, comme la feuille, déposée sur la MO plus décomposée, donc broyat sur vieux foin mais que l’on peut recouvrir de nouveau foin. Maintenant, comme toujours, cela dépend du broyat et de la culture à venir, pour faire des semis il faut retirer le vieux foin mais ne pas encore y mettre le broyat 😉
      Merci pour ce partage du Nord 😉

  • Laloux Joseph

    Excellent développement sur le multching.
    Toutefois la pratique n’est pas aussi simple.
    Exemple: j’ai étalé une épaisseur de feuilles entre les lignes de fraisiers.
    Aujourd’hui le soleil demande à réchauffer le sol.
    Ok, ce matin j’ai dégagé les fraisiers et déplacé le mulching de feuilles sur l’espace voisin où j’avais semé de la moutarde qui a gelé laissant donc les brins de moutarde que j’ai recouvert du mulching de feuilles (du moins ce qu’il en restait)
    Situation actuelle: le parc de fraisiers est dégagé pour se réchauffer.
    Pour se developper les plants de fraisiers ont d’abord besoin d’azote, ensuite ils auront besoin de potasse pour faire grossir les fraises.
    Je ne dispose pas encore de la pelouse pour un mulching d’azote????
    Solution provisoire: épandre du Marc de café au pied des plants de fraisiers .
    Mais entre les lignes ?
    Mettre une épaisseur de chanvre ou de miscantus lesquels se décomposent difficilement (2 ans).
    Par la suite pour l’apport de potasse, pulvériser du purin de consoude ou de prêle que n’apporteront pas encore le chanvre ou le miscantus non encore décomposés..
    Alors maintenant quel mulching ?

    Reprendre le reste des feuilles quand le sera réchauffé en attendant le besoin de potasse pour les fraises?

    Dilemme ! Alors le mulching ? Ce n’est pas aussi simple que vous ne le laissez supposer.

    • Harmony Auteur de l’article

      Comme toujours pour le jardinage au naturel, la pratique demande beaucoup d’observation et la compréhension de certaines notions comme la faim d’azote et le rapport C/N; et je propose des formations pour ceux qui veulent aller plus loin que mes articles 😉

      Pour vos fraisiers, plutôt que du purin (ou en plus), utilisez l’ortie puis la consoude en mulch 😉

  • Rémi simard

    Je fais mon b.r.f moi même avec du feuillus de moin de 4 pouces.
    Selon mes infos ont me dient ,que je ne peut pas mettre plus de 20% de confier.
    Pourquoi,????? Personnes n’a une réponce précise à cette question.

    Je sais qu’il y à un produit qui fait que le résineux est plus dure à décomposer.
    Si le résineux est acidifiant ,je peut y mettre de la chaux.
    Dans les bleuettiere il ne mettre que des résineux.
    Les mentionnent que C’est acide et que les bleuets aiment l’acide.

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      les résineux contiennent effectivement des tanins et d’autres molécules difficiles à décomposer, ce qui en fait un mulch « acidifiant ».
      Cette acidification est provoquée par les bactéries qui ont tout simplement plus de mal à digérer la matière. Il faut savoir que les bactéries, étant plus petite que ce qu’elles ingèrent, font leur digestion à l’extérieur; elles libèrent leur suc digestif qui dissout la MO et peuvent ainsi l’absorber décomposée, or, tout comme nous quand on a du mal à digérer, si la MO est difficile à décomposer cela fait un « reflux gastrique » (les bactéries doivent libérer beaucoup de sucs digestifs pour décomposer la MO ce qui acidifie la terre). On peut aider cette mauvaise digestion en ajoutant au mulch de la MO plus facile à digérée (plus azotée), comme je le précise dans l’article.
      On peut bien sûr faire en sorte que le mulch soit acidifiant en n’utilisant que du résineux (et un apport de tontes de pelouse de temps en temps) pour toutes les plantes acidophiles.

  • Le Borgne

    Merci! Pour ce partage très instructif, j’apprends, tout est clair et semble facile a mettre en œuvre ! Encore Merci !
    Cordialement ,Hélène.

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      techniquement oui, mais un engrais vert comme la phacélie monte assez haut, ce qui est peu pratique pour circuler, le trèfle incarnat est plus commode 😉

  • Mylene Beauchamp

    Bonjour, Merci pour votre article… super intéressant… j’aimerais savoir quoi faire avec de petits champignons qui se développent dans mon jardin entre mes rangs de carottes et betteraves… j’avais au préalable mis une partie de mon compost au jardin… peut-être trop jeune… mon compost est composé de cartons déchirés (car au début je n’avais pas de feuilles mortes) de résidus de table sauf viande et produit laitier et d’eau de pluie et de feuilles mortes quand j’ai pu en avoir… Mais après avoir lu votre article je vais ajouter une tonte de gazon (j’avais peur d’en mettre car je ne voulais pas me retrouver avec du chiendent partout dans mon potager ou au travers des fleurs… Donc quoi faire avec ces champignons que j’arrachais car pour moi champignon veut dire moisissure/maladie…. Merci et bonne soirée (si c’est ainsi chez vous… je viens du Québec)

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      S’il est vrai que la plupart des maladies des plantes sont des maladies cryptogamiques (dues à des champignons), il ne faut pas oublier que la majorité des champignons (>90%) sont utiles et même indispensables à la vie! La grande majorité des champignons décomposent la matière organique morte et garantissent la vie et la fertilité du sol et plus de 80 % des plantes sont en interactions avec les champignons via les mycorhizes (myco = champignons et rhise = racines). les mycorhizes permettent un échange gagnant entre les plantes et les champignons, ceux-ci vont donner de l’eau et des sels minéraux aux plantes en échange du sucre que ces dernières produisent via la photosynthèse. Les plantes qui ont des mycorhizes sont ainsi mieux alimentées grâce aux champignons et sont donc plus vigoureuses et résistantes aux maladies et aux ravageurs ! Laissez donc bien vos champignons en place 😉
      Dernière précision, ce que vous voyez du champignon est son « fruit », le carpophore. Les champignons cryptogamiques sont unicellulaires, ils ne présentent pas de carpophores…

  • Noah

    Bonjour,
    Un grand merci pour les mines d’or d’informations que sont vos articles ! J’ai récemment déménagé dans une maison où le jardin est magnifique et des plus naturels, tous les espaces potagers sont donc déjà recouverts de paillage et de nombreuses fleurs et plantes couvre sol.
    Les espaces dans la serre étaient aussi recouverts de feuilles mortes mais nous les avons retirées en prévision des futurs plants de tomates. Seulement je vois maintenant que la terre est laissée à nu, je pensais la couvrir de compost mais est-ce que ce serait suffisant ? Il y a du lamier pourpre à foison dans les potagers, est-ce que ce serait bénéfique d’en transférer dans la serre aussi ? Ou y a-t-il autre chose que je peux faire pour améliorer la vie de ce sol ?
    Merci beaucoup pour votre temps et bienveillance !!

    • Harmony Auteur de l’article

      Bonjour,
      le sol de la serre se mulch comme le restant du potager, la seule différence est qu’il faut aussi l’arroser en hiver même s’il n’y a pas de culture.
      Le compost ne sera pas suffisant, il faut toujours pailler son compost après l’avoir épandu sur le sol (pour éviter qu’il ne dessèche et mieux garder ses nutriments 😉 ). Vous auriez pu garder l’ancien mulch et faire les plantations au travers, il n’y a que pour un semis qu’il faut remettre la terre à nue.
      Chez moi le lamier pourpre est bienvenu partout, c’est une annuelle qui se retire facilement si on a besoin de la place et qui est délicieusement comestible (goût de champignon de paris cru).

      • Noah

        Merci beaucoup pour votre réponse ! On va donc faire ça, remettre du compost et les feuilles et voire d’autres types de mulch, en espérant que ça ira pour le repiquage des tomates 🙂
        Merci !

  • Chevereau

    Bonjour.
    Un article très riche…comme le mulch…
    Je mulch depuis presque 30 ans (j’étais élagueur, donc facile pour moi de récupérer du broyat).
    Je voudrais juste intervenir sur un sujet où vous avez tout faut (je vous taquine)…
    Il s’agit du mulching à base d’écorces de pin. Sachez que la ville de Paris a perdu 3500 rosiers à cause de ce mulch.
    J’ai un ami pépiniériste à Pau qui est également co-président d’un organisme testant des produits sur les végétaux.
    Un producteur d’écorces dans les Landes leur à demander de tester les écorces de pins.
    Les tests se sont fait pendant une période de 6 mois. Les résultats ont été tellement catastrophiques que ce producteur à demandé à cet organisme ne ne pas révéler les résultats.
    Mulchement votre.
    Guy Chevereau