Point d’eau, point de vie ! 1


L’eau c’est la vie ! Alors quoi de plus normal pour accueillir la vie au jardin que d’y installer un point d’eau ?

Celui-ci ouvrira les portes de votre jardin à une incroyable biodiversité et à une bonne dose d’émerveillement au quotidien ! Imaginez à quel point votre jardin pourrait être encore plus merveilleux s’il vous donnait l’occasion d’observer le vol chatoyant des libellules, les parades nuptiales des demoiselles, les bonds d’une grenouille, le ballet aquatique des gerris en surface et des notonectes en immersion, la gloutonnerie du dytique, les ébats des tritons, l’élégance du héron, les barbotements des canards, la nage chaotique des corises … Un point d’eau au jardin vous offrira des instants magiques mais aussi de précieux alliés du potager et surtout un apprentissage de la vie !

Ce n’est pas la taille qui compte !

Quelle que soit sa taille, un point d’eau agrémentera votre jardin et offrira une oasis de fraîcheur à ses occupants. Une simple écuelle d’eau permet déjà d’abreuver de nombreux insectes, oiseaux, reptiles et petits mammifères.

Un point d’eau même tout petit deviendra vite un bar pour insectes !

Alors, même si vous ne disposez pas de l’espace ou du budget suffisant pour un étang, cela ne doit pas vous empêcher d’installer un bassin au jardin, la seule limite au final est votre imagination !

Une bassine de récupération (pour peu qu’elle soit étanche) suffit à faire le bonheur d’une kyrielle de monde. Simplement posée à l’ombre entre de grosses pierres avec des mousses et des fougères et votre vieille bassine peut commencer une nouvelle vie et enrichir votre jardin d’un peu de fraîcheur forestière ! Un fût en plastique peut devenir un coin « zen » simplement en le coupant en deux et en le garnissant d’une canisse en bambou sur le pourtour et de quelques plantes aquatiques. De même, une vieille baignoire enterrée pour se transformer en un coin paradisiaque, tout comme un simple petit trou creusé et étanchéifié avec une chute de bâche, …

N’importe quel contenant étanche permet de créer un petit paradis aquatique.

Peu importe le contenant tant qu’il y a de l’eau !
Maintenant, tous les points d’eau n’accueillent pas de la même manière la vie. Voici mes conseils pour créer de véritables oasis de biodiversité :

Mare ou étang ?

On croit souvent que ce qui distingue une mare d’un étang c’est la taille : la mare est plus petite que l’étang qui lui-même est plus petit que le lac, tous les trois étant des points d’eau stagnante. En fait ce qui les différencient c’est plus le renouvellement d’eau : les mares n’ont généralement pas de dispositif d’évacuation, alors que les étangs sont souvent alimentés par une source ou un ruisseau avec un exutoire ou possèdent un système de filtration qui permet un léger renouvellement de l’eau. On peut donc aussi bien avoir un petit étang qu’une grande mare.

Mon étang (créé en 2016) et ma mare (creusée début 2021).

Dans tous les cas, plus la surface d’eau est grande, plus les visiteurs seront nombreux et variés et donc plus la biodiversité liée au point d’eau sera importante. Vous pouvez aussi multiplier la biodiversité en multipliant les points d’eau et leur diversité (petit ou grand, profond ou non, enterré ou en surface, …).

La qualité de l’eau sera surtout dépendante des plantes qu’on aura installées, de la présence de poissons ou autres animaux plus « polluants » (comme mes tortues) et de la quantité de feuilles mortes et autres végétaux en décompositions dans le point d’eau. Un point d’eau bien conçu ne nécessite pas de système de filtration, tout dépend ce que vous voulez mettre dedans.

Si vous optez pour un système de filtration, choisissez le plus naturel possible afin de préserver au maximum la vie qui s’installe dans votre bassin. Une simple pompe qui amène l’eau de l’étang vers un lagunage constitué de plantes filtrantes est ce qu’il y a de mieux. Les pompes à air, lampes UV, filtres mécaniques ou autre produits « purifiants » proposés à la vente, outre le fait de vous ruiner, risquent de déséquilibrer l’écosystème ou d’engendrer des perturbations l’empêchant de s’installer. Une pompe est le seul investissement nécessaire et qu’il vous faudra de toutes façons acquérir pour alimenter l’étang si celui-ci n’est pas connecté à un cours d’eau ou une source. Celle-ci devra avoir un débit adapté en fonction du volume d’eau et de ses occupants.

Les tortues de mon étang nécessitent un lagunage performant et de bon remparts !

Chez moi, le bassin principal a été conçu pour y accueillir des tortues rescapées. Il a donc fallu prévoir un bon système de filtration car ces demoiselles sont très polluantes et empêchent l’installation d’un équilibre naturel dans leur milieu aquatique. L’eau est pompée dans la partie intermédiaire du grand bassin et est ensuite acheminée via un tuyau jusqu’en dessous du bassin de lagunage. Dans celui-ci, l’eau remonte au travers d’une couche d’1 mètre de pierres de lave (des pierres poreuses qui permettent aux bactéries de s’installer et de faire leur travail d’épurement) dans lesquelles des plantes filtrantes ont entremêlé leurs racines avant de retrouver le chemin du bassin principal via une petite cascade. Le lagunage étant plus haut que l’étang, le tuyau qui achemine l’eau est équipé d’un système « anti-retour » pour éviter que le lagunage ne se vide entièrement chaque fois que la pompe est à l’arrêt.
NB : L’eau n’est pas pompée dans la partie la plus profonde de l’étang car c’est en profondeur que la chaleur reste dans l’eau (contrairement à l’air ou la chaleur monte), en pompant l’eau à une hauteur intermédiaire, je garanti un certain confort thermique pour les tortues pensionnaires lorsqu’elles hibernent au fond de l’étang, d’autant plus que la chute d’eau se trouve à l’autre bout de l’étang dans la zone peu profonde. Pensez-y si vous souhaitez garantir un bon hivernage pour les occupants de votre étang !

Outre vous garantir une eau limpide même si la pression des habitants de votre bassin est importante, le bruit de l’eau qui coule, que ce soit en cascade ou en ruissellement, se fait entendre au loin et attirera immanquablement de nouveaux amateurs vers votre point d’eau, y compris vous qui pourrez bénéficier du son apaisant de l’eau pour vous détendre après une dure journée de travail.
Enfin, une eau filtrée et oxygénée n’attirera pas les mêmes visiteurs qu’une eau passive.
N’hésitez donc pas à installer les deux styles de bassins.

Dans tous les cas, avec ou sans filtration, votre point d’eau sera un havre de paix et de quiétude, un refuge pour la vie !

Où le placer ?

Le choix de l’emplacement de votre bassin, surtout s’il est de grande envergure n’est pas anodin.

L’idéal est une zone plate avec un ensoleillement de 4 à 6 h par jour en été et de préférence en dehors des heures les plus chaudes. Trop à l’ombre, votre point d’eau ne recevra pas assez de chaleur ni de lumière ; trop ensoleillé, l’eau s’y évaporera plus vite en été. Évitez aussi de le mettre dans un endroit trop exposé au vent (ce qui amplifie l’évaporation de l’eau), ou sous les arbres car les feuilles mortes auront vite fait de le combler de vase à moins que vous ne les ramassiez avant leur décomposition.

Si votre terrain est en pente, vous pouvez profiter de celle-ci pour aider au remplissage de votre mare ou étang en le plaçant en bas de celle-ci, à condition bien sûr qu’elle ne soit pas trop abrupte au risque de remplir votre espace aquatique de boue…

Enfin, si vous optez pour un étang qui nécessite une pompe, pensez qu’il faut aussi une prise électrique à proximité ! Et si vous le creuser près de votre maison, faites attention aux câbles et canalisations qui pourraient y être enterrés.

Des paliers et des pentes douces

Qu’il soit grand ou petit, creusé ou hors sol, fait avec une bâche ou une vieille baignoire, il est essentiel de prévoir au moins une pente douce et/ou de créer des paliers de différentes hauteurs dans votre point d’eau, surtout s’il est profond !

Paliers et pente douce à gauche, pente abrupte et zone marécageuse à droite.

Ces paliers ou pentes douces permettront d’installer des plantes à différentes profondeur tout en offrant des zones de prospections variées (profondeur, température, cachettes, …)  qui conviendront à un plus grand nombre d’occupants. Cela permet en outre d’éviter les éboulements de terre et de réduire, lors des fortes gelées, la pression de la glace sur les parois du point d’eau. Pour garantir à vos plantes de rester les racines dans l’eau même lorsqu’il y a sécheresse, je vous conseille de creuser votre premier palier en cuvette, ainsi, même si l’évaporation est importante et que le niveau de l’eau descend sous les paliers, ceux-ci garderont plus longtemps un minimum d’eau.

Tel un escalier menant vers la surface, ces aménagements offriront également une porte de sortie aux malheureux mauvais nageurs qui pourraient perdre pieds dans votre bassin. N’hésitez pas également à installer une « échelle de secours » si vous avez une paroi abrupte d’un côté de votre mare, cela permettra d’éviter des noyades inutiles.

Ce côté de la mare est abrupte, une échelle de secours y a été placée.

Si votre bassin est réalisé à partir d’un récipient étanche sans étages comme une vieille cuve à eau ou une baignoire, il vous faudra créer les paliers avec des pierres, des briques, des souches, …

Résidence permanente ou lieu de passage

Quelle que soit sa taille, votre point d’eau attirera la vie.
Mais s’il permet à la vie aquatique de s’y installer toute l’année c’est encore mieux !
Et pour que des occupants puisse s’y établir et y vivre en toute saison, il faut absolument que votre bassin soit suffisamment profond que pour ne pas geler jusqu’au fond en hiver. En Belgique, comptez minimum 1 mètre de profondeur voir 1m20 pour l’Ardenne. Il faut aussi éviter qu’il ne s’assèche de trop en été, prévoyez de quoi le remplir si une sécheresse persiste.

Mes tortues ne craignent pas le gel en hiver, l’étang fait 1m30 au plus profond.

N’oubliez pas non plus qu’un bassin enterré résistera mieux au gel et à la canicule grâce au pouvoir tampon de la terre qui absorbe les écarts de températures.

Le trou

Ici, la bêche sera notre alliée ! Voir la pioche !

Commencez par délimiter le pourtour de votre bassin avec une corde. S’il s’agit d’un bassin préformé, le choix de la forme est facile à trouver, sinon, laissez-vous guider par vos envies ! Bassin géométrique ou formes naturelles, en carré, en rond, en ovale, en forme de cacahuète ou de Barbapapa, vous avez le choix !  Gardez toutefois à l’esprit, si vous devez bâcher votre point d’eau pour l’étanchéifier, que plus la forme de votre bassin est simple et arrondie, moins vous aurez de replis à faire et de découpe, la pose bâche sera donc facilitée et les déchets de chutes moindres.

Des formes arrondies sont plus simples à recouvrir de bâche.

La taille de votre bassin dépendra de l’espace disponible et de votre budget. Les petits points d’eau ont leur utilité, mais plus votre mare est grande, plus elle pourra accueillir de plantes différentes et de micro-habitats, ce qui favorisera la biodiversité. Un volume d’eau plus grand est également plus résilient (moins sensible aux écarts de températures, à la dégradation de la qualité de l’eau, …). Pas besoin non plus de creuser un lac, une mare de 2 à 3 m² permet déjà de créer un milieu aquatique harmonieux et attirera de nombreux batraciens, oiseaux et insectes.

N’oubliez pas de creuser différents paliers ou cuvettes et une zone plus profonde. Celle-ci peut être au centre de votre bassin ou le long d’un bord. Dans ce cas, placez votre zone profonde côté Sud de votre mare (et n’oubliez pas une sortie de secours). Pensez aussi l’épaisseur de la couche d’étanchéification lorsque vous creuser votre bassin, prévoyez 5 à 20 cm de plus selon le matériel choisi.

Les fondations de mes points d’eau.

Vérifiez bien que tous les bords de votre bassin soient exactement au même niveau, sinon un côté de la paroi sera toujours visible et … c’est moche !

Une fois le trou creusé, enlevez tous les éléments saillants susceptibles de percer la paroi (cailloux, racines, …), ensuite tassez et lissez toutes les parois et surtout le fond.

La terre que vous aurez extraite pourra servir à combler les trous éventuellement présents dans votre pelouse, mais aussi à créer des buttes ou bacs de culture voire même un talus en rocaille (si vous avez extraits beaucoup de pierres), de quoi donner du volume et des microclimats à votre jardin !

Eau et étanchéité

L’eau utilisée pour remplir votre bassin sera idéalement celle de pluie. L’eau du robinet est trop riche en chlore, nitrate et carbonate ce qui va nuire à l’équilibre biologique de votre point d’eau. L’avantage en Belgique, c’est qu’il suffit généralement de quelques semaines pour remplir une pièce d’eau de belle taille.
Le meilleur moment pour remplir votre mare est en fin d’hiver ou au printemps. Évitez de la remplir juste avant l’hiver car l’eau va croupir avant que la vie ne s’y installe.

Remplir un trou avec de l’eau ne suffit pas pour obtenir un point d’eau, il faut garantir une bonne étanchéité pour éviter les fuites ! À moins d’avoir énormément de chance avec un terrain très très argileux et une source d’eau souterraine (mais ce cas de figure est très rare et ne garantit pas à l’eau de rester tout l’année), il faut donc prévoir un système pour que l’eau reste dans son trou…

La solution la plus naturelle et la moins chère est de couvrir les parois du bassin avec une bonne couche d’argile bentonite(10 à 20 cm). Malheureusement cette solution n’est pas durable car les rongeurs ou les racines des plantes auront vite fait de percer la couche étanche.

Les bassins préformés sont simples à installer et ont une bonne durée de vie, mais ils sont rarement assez profond que pour garantir une zone sûre en hiver et sont généralement onéreux.

La bâche EPDM vous permettra plus d’amplitude qu’un bassin préformé tout en étant moins coûteuse à l’achat et d’une bonne durée de vie (quelques dizaines d’années, et en plus on peut réparer les fuites avec une « rustine », conservez les chutes !). Par contre, oubliez les bâches en PVC, elles ne dureront que quelques années avant de se craqueler.
Voici comment calculer les dimensions de la bâche : La longueur = la longueur maximale de la mare + 2 fois sa profondeur maximale et la largeur = la largeur maximale de la mare + 2 fois sa profondeur maximale, prévoyez une quarantaine de cm supplémentaire en longueur et largeur pour pouvoir bien arrimer la bâche.
Pour prolonger la durée de vie de votre bâche et éviter qu’elle ne soit percée par une pierre tranchante ou une racine, placez sous celle-ci un géotextile épais ou une couche de minimum 5 cm de sable (uniquement si vos parois sont toutes en pente douce). Si votre terrain est envahi de rats taupiers, vous pouvez également placez un grillage à fine maille sous le géotextile ou le sable.
Le placement de toutes ces couches est parfois un peu complexe, surtout si on est seul ! Il ne faut pas hésiter à vous installer au fond du trou (pieds nus !!) pour bien étaler le géotextile puis la bâche dans tous les recoins. Évitez autant que possible les remplis de bâches à la surface, ceux-ci vont permettre à l’eau de se frayer un chemin par capillarité et assècheront plus vite la mare. Je sais, c’est bien plus facile à dire qu’à faire…

Une fois que la bâche est bien étendue sur le fond et les parois, commencez le remplissage. Le poids de l’eau va vous aider à maitriser la bête ! Remplissez au fur et à mesure en ajustant les bords de la bâche, vous ne couperez les surplus et ne fixerez les bords qu’une fois le bassin rempli d’eau.

Avec une bâche EPM protégée par un géotextile, les bassins deviennent étanches.

Aménagement des berges

En parlant de bord, il faudra particulièrement fignoler vos berges pour que votre point d’eau soit esthétique. Particulièrement si vous avez opté pour une bâche EPDM (celle-ci ne doit pas exposée aux rayons du soleil car ceux-ci vont la détériorer) ou une vieille baignoire de récup aux bords disgracieux.

La meilleure façon d’ancrer la bâche tout en la dissimulant consiste à enterrer les bords de celle-ci sous la terre. Pour ce faire, il suffit de réaliser une tranchée étroite de quelques cm de profond dans le sol longeant à quelques cm tout le pourtour de la cavité afin d’y glisser le bord de la bâche. Le sommet de la bâche ne doit pas être plus bas que le niveau du sol car sinon l’eau va être « pompée » par la terre et va sortir du bassin par capillarité.
Le bourrelet de bâche apparent sera ensuite soigneusement dissimulé avec les moyens du bord et selon l’impression visuelle souhaitée pour le bassin (pierres plates, sable et gravier, plantes couvre sol, mini plancher en bois, …).

J’ai opté pour une bordure en pierres, la bâche du fond sera bien vite recouverte par la menthe aquatique et les autres plantes.

Si la rive est réalisée en pente douce juste avant de rejoindre le bord, il est possible de créer une zone marécageuse qui fera la transition entre la pièce d’eau et ses abords (cfr schéma plus haut).

Une partie de la terre extraite lors de la création de votre point d’eau permet d’aménager une butte en bordure de celui-ci, de préférence côté nord. Celle -ci prolongera la rive du bassin tout en créant des microclimats et en le protégeant des vents desséchants. Ce petit talus permettra aussi l’implantation d’une végétation spontanée ou soigneusement choisie.

Renforcez bien la berge aux endroits de passages en bordure de l’eau avec quelques pierres plates, poutrelle en bois ou chemin de sable et de gravier, sinon la zone deviendra vite boueuse et glissante.

Ne négligez pas cette étape d’aménagement des abords, de trop nombreuses pièces d’eau sont dévalorisées par un contour inesthétique !

Les plantes

On peut bien sûr attendre que la Nature fasse son œuvre et embellisse spontanément notre point d’eau, mais vu qu’elle a tendance à prendre son temps, je vous conseille vivement de l’aider !

Commencez par installer un substrat de plantation dans le fond votre point d’eau, sur les pentes douces et les différents paliers (pour ceux-ci, le fait de les avoir creusé en cuvettes vous évitera les éboulements de substrat). Pas la peine d’en mettre une grande épaisseur (5 cm maximum), car une fois la végétation installée l’épaisseur de vase ne fera que croître (il faudra d’ailleurs prévoir un dévasage quand la couche de celle-ci devient trop importante). Le substrat utilisé ne doit pas être trop riche, oubliez le compost ou le terreau et employez un mélange 50/50 de sable et d’argile (ou votre terre de jardin si elle est argileuse).

Les plantes seront ensuite disposées sur les différents paliers selon leurs besoins écologiques (profondeur d’eau et ensoleillement). On peut les planter directement dans le substrat ou les enterrer avec leur panier, ce que je vous conseille pour les plantes pourvues de puissant système racinaire qui pourrait percer la bâche (comme la massette) et pour celles dont le développement exubérant nécessite un contrôle régulier.

Les plantes de mon lagunage sont des plantes de berges ou des semi-aquatiques.

Choisissez uniquement des plantes indigènes ! Comme toujours, ce sont les plus aptes à résister à notre climat et à offrir nourriture et abris à nos animaux. Mais en plus, la plupart des plantes aquatiques proposées à la vente dans les jardineries sont des espèces exotiques invasives (*) qui peuvent facilement s’échapper de notre bassin (même par voie aérienne via les oiseaux) et se retrouver dans la nature ou elles porteront préjudice ! Les plantes réputées oxygénantes vendues fréquemment comme le cabomba, la crassule, les élodées ou les myriophylles sont trop souvent des espèces exotiques qui prolifèrent rapidement dans nos bassins au point d’en occulter la pénétration de la lumière et de fournir une quantité importante de matière organique à décomposer (ce qui nécessite une grande consommation d’oxygène par les bactéries). Au final, on provoque l’effet inverse de celui recherché : l’asphyxie du point d’eau et son comblement progressif par de la vase (phénomène d’eutrophisation).

Nénuphar blanc, iris des marais, élodée, carex,… que des plantes indigènes dans cette mare.

Pour vous procurez vos plantes, commencez par faire le tour de vos connaissances qui ont un point d’eau, les plantes aquatiques se bouturent ou se divisent facilement ! Par contre, ne prélevez pas les plantes aquatiques dans la nature (ou uniquement si elle est présente en grande quantité et que vous n’êtes pas dans une réserve naturelle !), beaucoup d’espèces sont en voie de raréfaction et de nombreuses sont protégées (comme nos deux nénuphars et le sagittaire).

Inutile d’en mettre beaucoup, les plantes aquatiques se propagent et s’étendent généralement rapidement.
Les plantes des berges et des rives marécageuses seront semées ou repiquées de la fin de l’automne au début du printemps alors que les autres plantes aquatiques seront transplantées plus tard, du mois d’avril au mois de juillet, à partir de plants ou de boutures.

4 ans séparent ces deux photos… et le lagunage a déjà dû être épuré de plusieurs plantes excédentaires.

Voici une liste de plantes indigènes intéressantes à installer dans votre point d’eau en fonction de leurs catégories écologiques :

Plantes submergées : Ce sont les plantes « oxygénantes ».
– Cornifle (Ceratophyllum demersum ) : De -30 cm à -2m sous le niveau de l’eau, envahissante.
– Elodée (Elodea canadensis) : De -30 cm à -2m sous le niveau de l’eau, envahissante.
– Myriophile (Myriophyllum spicatum) : De -5 cm à -60 cm sous le niveau de l’eau, envahissante.

Plantes flottantes : Ce sont les plantes « couvrantes ».

– Lentilles d’eau (Lemna minor) : Posées en surface, très envahissante.
– Nénuphar jaune (nymphaea lutea) : De -50 cm à -3m sous le niveau de l’eau, protégée.
– Nénuphar blanc (nymphaea alba) : De -50 cm à -3m sous le niveau de l’eau, protégée.

Plantes semi-aquatiques : enracinées dans la vase et érigées en surface, ce sont les plantes « filtrantes ».

– Iris jaune (Iris pseudacorus) : De 0 cm à -40 cm sous le niveau de l’eau.
– Massette (Typha angustifolia) : De – 5 cm à -50 cm sous le niveau de l’eau, jusqu’à 2 m de haut, très envahissante.
– Plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica) : De -0 à -30 cm sous le niveau de l’eau.
– Potamot nageant (Potamogeton natans) : De – 40 cm à -2 m sous le niveau de l’eau, envahissante.
– Roseau commun (Phragmites australis) : De -10 cm à -20 cm sous le niveau de l’eau, envahissante.
– Rubanier rameaux (Sparganium erectum) : De -10 cm à -30 cm sous le niveau de l’eau.

Quelques plantes semi-aquatiques.

Plantes de berges et de rives marécageuses : Elles peuvent avoir les racines hors de l’eau mais toujours dans un substrat humide. Elles se plantent de 0 cm à – 20 cm sous le niveau de l’eau.

– Angélique (Angelica sylvestris), épilobe hérissée (Epilobium hirsutum), eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), glycérie aquatique (Glyceria maxima), jonc épars (Juncus effusus), laîche des marais (Carex acutiformis), lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris), menthe aquatique (Mentha aquatica), myosotis des marais (Myosotis scorpioides), Populage des marais (Caltha palustris), Reine des prés (Filipendula ulmaria), salicaire commune (Lythrum salicaria), Scrophulaire ailée (Scrophularia umbrosa), valériane rampante (Valeriana repens), sagittaire (Sagittaria sagittifolia – protégée).

Quelques plantes de berges.

Une bonne adresse pour vous procurez ces plantes si vous ne trouvez pas de généreux donateur ? Apiflora (près de Huy) !

Les occupants du point d’eau

Contrairement aux plantes, ici on va laisser faire la nature !

Très vite, le développement des plantes et d’une microfaune principalement constituée de larves d’insectes va attirer de nombreux visiteurs et prédateurs plus grands. Selon ses caractéristiques (taille et profondeur, exposition, végétation implantée, qualité de l’eau, autres points d’eau à proximité, …) votre point d’eau deviendra très vite le lieu de villégiature de tout un écosystème qui, si on le laisse faire, parviendra rapidement à un équilibre naturel.

Métamorphose d’une larve de libellule.

Certes, parmi les larves d’insectes, les premiers à coloniser votre point d’eau seront les larves de moustiques ! Mais pas de panique ! Contrairement à l’eau stagnante de nos sous-pots où ces indésirables s’épanouissent, l’eau de votre mare sera vite colonisée par leurs prédateurs comme les libellules et la population de moustique sera vite régulée ! Tout comme le puceron arrive avant la coccinelle et sa cohorte de prédateurs, les larves de moustiques de votre point d’eau sont le point de départ d’une grande chaine alimentaire ! Laissez la nature faire son œuvre et en quelques mois vous aurez oublié ces vilains piqueurs bruyants. J’ai même agréablement constaté que depuis que mon étang est installé près de la fenêtre de la chambre je n’ai pas plus de ces micro vampires à l’intérieur, c’est même plutôt le contraire, au final, c’est normal, l’étang attire encore plus les amateurs de moustiques que ceux-ci !

Libellules, demoiselles et dytiques sont de redoutables prédateurs de larves diverses qui coloniseront vite votre bassin.

Si votre point d’eau a pour vocation d’accueillir la faune aquatique locale, évitez absolument d’y mettre des poissons ! Même pour vous débarrasser rapidement des larves de moustiques, c’est une fausse bonne idée. Les poissons qu’on introduit représentent une concurrence déloyale pour les autres espèces car ils sont gloutons, en plus ils consomment énormément d’oxygène et remuent la vase, ce qui nuit à la qualité de l’eau. De toutes façons, certains poissons coloniseront peut-être d’eux-mêmes votre plan d’eau via des œufs dissimulés dans les plantes installées ou accrochés aux oiseaux qui fréquentent les berges.
Si vous souhaitez tout de même mettre des poissons dans votre pièce d’eau, prévoyez l’installation d’un lagunage, particulièrement si votre bassin fait moins de 25m². Pour permettre la survie des plantes de votre point d’eau, attendez qu’elles se soient convenablement enracinées et développées avant d’introduire les poissons car ceux-ci ne leur laisseront guère de répits et diminuent grandement leurs chances de reprises.

Il en va de même si vous désirez y installer des tortues aquatiques ! Elles sont encore bien plus gloutonnes et polluantes que les poissons. De plus la survie des plantes est quasi impossible en présence de leurs redoutables pattes griffues. Ce sont des espèces exotiques invasives, leur commercialisation est d’ailleurs interdite ou fortement réglementée dans nos pays limitrophes (mais toujours pas en Belgique où elles sont encore en vente libre avec leur bac cacahuète et leur palmier en plastique et finissent trop souvent abandonnées à leur sort dans la nature). Il faudra prévoir une zone bien clôturée autour de votre bassin pour éviter qu’elles ne s’évadent, et croyez-moi, les tortues aquatiques sont de bonnes grimpeuses !

Si vous comptez mettre des tortues ou tout autre espèce exotique (les poissons rouges, carpes japonaises et koï n’ont rien d’indigène), il faut absolument que votre point d’eau soit en dehors d’une zone inondable au risque de voir ces espèces invasives se retrouver dans nos cours d’eau.

Je vous présente Monsieur Robert du Sterput de Chênée, alias Moïse, rescapé des inondations de juillet 2021 qui a trouvé refuge dans mon étang.

Sachez aussi que les poissons d’étangs de type koï, carpes, etc. se reproduisent rapidement et risquent vite d’être en surnombre, inutile donc d’en introduire beaucoup.

Pour un point d’eau naturel où l’on décide de laisser la vie s’installer, le seul coup de pouce autorisé à l’implantation de la faune est celui des escargots aquatiques (planorbes et limnées). En effet ceux-ci jouent un rôle capital dans la décomposition de la matière organique (tout comme nos gastéropodes terrestres !) mais ont un très faible pouvoir de dispersion. Aussi, si vous ne constatez pas quelques individus collés sur les plantes que vous installez, n’hésitez pas à aller en prélever quelques-uns dans la nature (étang ou mare) pour les établir chez vous.  

Les batraciens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandres) trouveront d’eux-mêmes le chemin de votre point d’eau si celui-ci leur convient et que l’environnement est favorable. Ils peuvent parcourir jusqu’à deux kilomètres à partir d’une zone humide pour arriver chez vous.
Ils ont des exigences très pointues concernant leur milieu de vie et les introduire artificiellement risque fortement de les condamner. Votre mare vous a peut-être l’air accueillante pour eux, mais contient-elle réellement de quoi les nourrir ou les abriter ? De plus les batraciens ne passent qu’une partie de leur vie dans l’eau (le stade larvaire), à l’âge adulte ils troquent leurs branchies contre une paire de poumons et adoptent un mode de vie terrestre (certains ne retournent au point d’eau que pour pondre). Êtes-vous certains que l’aire de chasse en dehors du point d’eau est suffisante et qu’il y a assez d’endroits pour s’abriter ou hiverner ? De toutes façons, tous les batraciens, leurs larves et leurs œufs sont protégés, il est dès lors interdit de les prélever et de les transporter. Et si vous en trouvez des larves ou œufs dans une flaque d’eau sur le point de se dessécher, mieux vaut les remettre dans un point d’eau déjà colonisé par leurs semblables, ils y auront plus de chance de survie.

Grenouille rousse, crapaud commun, triton alpestre et salamandre.

Les animaux qui fréquentent nos mares ont besoins de zones refuges et où ils peuvent circuler sereinement en dehors du milieu aquatique, il est donc nécessaire d’en créer autour du point d’eau pour permettre leur installation définitive et l’accomplissement de tout leur cycle de vie (mue, reproduction, chasse, hivernation, …). Idéalement, on conservera une bande de quelques mètres de large en contact avec la mare qui ne sera fauchée au maximum qu’une à deux fois par an. Il va de soi que si la zone est entourée par un gazon coupé à ras et hanté par un redoutable robot-tondeuse, la vie aura bien du mal à s’y installer… Un jardin propre est impropre à la vie !

Cette grenouille rousse apprécie sa zone refuge!

Les oies et canards adorent l’eau, mais ce sont aussi de grands pollueurs qui rendent vite l’eau boueuse. Si vous souhaitez une eau limpide accueillante pour la vie, cela est peu compatible avec la présence de ces palmipèdes… à moins d’avoir une grande étendue d’eau, il vaut mieux leur en empêcher l’accès et leur réserver leur propre bassine de baignade. Les poules risquent aussi de mettre à mal la population de la mare, particulièrement les jeunes grenouilles dont elles sont friandes, c’est que c’est goûtu ces petites choses qui sautillent !

Aspect législatif

On ne vous embêtera pas pour une petite mare, mais sachez que la création d’une pièce d’eau de plus de 15 m² nécessite l’obtention d’un permis d’urbanisme et la connexion de votre bassin avec un cours d’eau nécessite une autorisation de prise/rejet d’eau. Vous trouverez les informations sur l’obtention de ces documents dans ce guide de la région wallonne.

Et pour entretenir une saine cohabitation avec vos voisins humains, je vous conseille de leur parler de votre projet de création d’un point d’eau de grande taille afin d’éviter de devoir un jour combler votre bassin pour tapage nocturne de batraciens…

L’entretien

Un point d’eau bien conçu nécessite peu d’attention, s’il est en bonne santé, il se caractérise par un développement équilibré de sa faune et par une eau limpide et translucide.
Mais il faut savoir que, dès sa création, le bassin n’aura de cesse d’évoluer et de se transformer. Au fil du temps, l’envahissement des plantes aquatiques et l’accumulation de vase va finir par combler la mare (phénomène d’eutrophisation), Il est donc important de l’entretenir un minimum.

La végétation aquatique une fois implantée va très vite se développer. Il faudra veiller à ce qu’elle n’envahisse pas les zones d’eau libre pour que la pièce d’eau conserve un ensoleillement suffisant. En automne idéalement, on va retirer l’excès de plantes immergées et flottantes et dégager si nécessaire les plantes de berges qui s’aventurent trop dans l’eau. Pour éviter de faire un génocide lors de cette opération de nettoyage, les plantes retirées seront vigoureusement secouées avant d’être extraites puis déposées le long de l’eau pour que les petits organismes vivants qui y sont cachés puissent retourner dans leur milieu de prédilection. Il faudra ensuite évacuer cette masse végétale qui sera bienvenue pour vous servir de mulch ou pour être implanter dans une nouvelle mare !

Pour éviter l’accumulation de vase, il faut limiter la quantité de végétaux qui se décomposent dans votre bassin. On veillera donc en automne à ramasser les feuilles mortes qui tombent dans l’eau et à ôter les feuilles et tiges qui y pourrissent. Les plantes sèches émergeantes (roseaux, massette, …) qui ne pourrissent pas seront coupées en fin d’hiver, durant celui-ci elles peuvent servir de refuge et elles sont magnifiques une fois prises par le gel. Durant la belle saison, il faudra aussi limiter régulièrement le développement de la végétation flottante qui limite l’ensoleillement. Occasionnellement, il faudra également éliminer une partie de la vase qui tend à s’accumuler dans le fond de la mare. Cette vase fourmille de vie, tout comme les plantes que l’on retire, laissez-la si possible décanter à proximité du point d’eau.
NB : La vase excédentaire peut être incorporée dans un compost, en mélange avec des déchets verts, et servir d’amendement. Vous pouvez aussi l’utiliser comme engrais. Elle ne doit pas être trop humide, ni prise en masse après avoir séchée pour ne pas asphyxier le sol en formant une croûte.

Afin d’éviter la prolifération d’algues, il faut éviter d’enrichir l’eau d’éléments nutritifs comme l’azote ou la potasse. C’est pourquoi on évacue l’excès de masse végétale et on ne place jamais un compost ou les restes de tonte juste à côté d’un point d’eau. On évite aussi de placer des roches calcaires dans le bassin ou en bordure car celles-ci libèrent des sels minéraux.
Si vous constatez un développement important d’algues filamenteuses ou unicellulaires, il faudra les retirer le plus régulièrement possible (excellent mulch azoté une fois séchées et hachées) et peut-être revoir à la hausse la quantité de plantes oxygénantes.
Cependant, tout point d’eau créé artificiellement doit instaurer son équilibre. Il est donc fréquent de constater un développement important des plantes flottantes et immergées comme les algues et les lentilles d’eau dans les premiers mois suivant l’installation du bassin. Soyez patients, cette croissance anarchique va se réguler au fur et à mesure avec le développement des autres plantes et l’arrivée de la faune de nettoyage comme les limnées.

Durant l’été, on veillera à ce que le point d’eau ne se s’assèche pas pour ne pas risquer une hécatombe parmi la vie aquatique ni une détérioration de la bâche provoquée par les rayons du soleil. Il faudra donc compenser les pertes dues à l’évaporation par un apport d’eau tempérée. L’apport d’eau doit se faire progressivement (en plusieurs fois) pour ne pas bouleverser la biologie de l’eau, particulièrement si vous n’avez que de l’eau de ville pour remplir votre bassin.

Zenitude

Dernier conseil, installez un banc, un hamac, une vieille souche ou tout autre poste d’observation confortable avec vue sur votre point d’eau et allez vous y détendre dès que l’envie vous en dit !

Durant mon enfance, j’ai passé des heures dans une immobilité religieuse dans mon hamac juste à côté de mon point d’eau (deux petites mares creusées de mes mains d’enfant de 11 ans dans le coin du jardin que je m’étais approprié), afin de pouvoir épier la vie aquatique. Que de merveilles de la vie ais-je ainsi pu observer ! Quel bel apprentissage ais-je pu en tirer !
Encore maintenant, je me réfugie dès que je peux au bord de mon point d’eau (un peu plus sophistiqué qu’à l’époque…), j’y passe du temps à m’émerveiller devant la beauté de l’instant fragile, à me reconnecter avec la nature, avec moi-même, à me ressourcer …
Je ne compte plus les instants magiques que j’ai pu avoir grâce à cet écueil de vie ! J’ai même la chance de pouvoir contempler les lueurs magiques des vers luisants chaque début d’été (ils affectionnent les lieux broussailleux et humides) et notre nouvel habitué pourtant très exigeant sur la qualité : Martin le pêcheur qui vient se régaler des vairons de l’étang !
Il faut certes une belle pièce d’eau pour attirer un martin pêcheur, mais même une petite vasque remplie d’eau d’où émergent quelques plantes pourra vous émerveiller en vous offrant le spectacle des couleurs chatoyantes des libellules ou de la baignade des mésanges !

Martin le pêcheur, un de mes visiteurs préféré !

L’eau est un élément vital pour la Vie, en lui accordant une place dans votre jardin vous vous approcherez encore plus de l’Eden…

                               Votre coach,
Harmony

PS : Vous souhaitez profiter d’un moment privilégié bien installé dans le salon de jardin près de mon étang ? N’hésitez plus à vous inscrire à un des ateliers que je propose tout au long de l’année à Marneffe ! Notez que pour profiter de la pergola, il vaut mieux s’inscrire durant la belle saison, sinon les ateliers sont donnés dans la salle de cours…


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Commentaire sur “Point d’eau, point de vie !