Ce n’est pas tous les jours facile d’être une plante…
Imaginez un peu, dès la naissance il leur faut se frayer un chemin dans d’obscurs endroits pour atteindre la lumière et être forcé à une vie totalement sédentaire jusqu’à trépas, il faut fabriquer sa nourriture dès le plus jeune âge avec les moyens du bord, quand l’époque des amours arrivent il faut faire appel à une agence matrimoniale bee-to-bee et surtout, il faut passer sa vie à se faire piétiner et brouter sans réagir !
Sans réagir ? Vraiment ? Tout au long de l’évolution les plantes ont déployé une multitude de stratégies pour se défendre.
Il y a bien sûr les plantes qui se défendent avec des épines ou des poils urticants, d’autres jouent les apprenties chimistes en émettant des substances chimiques tantôt répulsives, tantôt infectes à la consommation, voire même toxiques, certaines envoient même des messages aériens destinés à des alliés qui viendront engloutir les ennemis.
Mais chez certaines, la technique de défense est plus subtile, c’est une attaque à retardement : celui qui s’y frotte ne remarque rien dans un premier temps, puis un ou deux rayons de soleil plus tard, il se retrouve avec une vive douleur et de magnifiques cloques.
C’est bien de ces plantes « photosensibilisantes » dont je vous parle aujourd’hui, car on les côtoie régulièrement dans les jardins, et si on n’y prend pas garde, par simple contact elles peuvent nous blesser en rendant notre peau plus sensible aux UVs du soleil et en provoquant des brûlures chimiques de plus ou moins grande sévérité, tout dépend de la zone touchée et de la plante concernée.
J’en ai fait les frais il y a peu avec une plante qui fréquente régulièrement nos potagers : le panais (Pastinaca sativa). J’étais pourtant bien consciente du caractère photosensibilisant de ce délicieux légume, mais malgré cela je me suis fait avoir « comme une lapine » !
Alors, bien sûr, le panais n’est pas la plante la plus agressive, j’en ai régulièrement manipulé sans le moindre souci. Mais là, je devais « tuteurer » la bête que j’avais laissé monter en graines et qui me dépassait d’une bonne tête (je rappelle que je mesure 1m90). Résultat, c’est une peau très sensible que j’ai exposée au contact du feuillage- le dessous de mes bras – contact très intime puisque j’ai dû enlacer la plante pour attacher la corde. Il n’y avait pas de soleil quand j’ai procédé, j’étais donc sereine quant aux risques encourus. Mais voilà, vous savez ce que c’est quand on est au jardin… on ne voit pas le temps passer ni, dans mon cas, le soleil pointer ses rayons… ce n’est que le lendemain, quand je me suis réveillée avec des cloques douloureuses sous les bras, que j’ai compris mon erreur. Ce fût, on peut le dire, une belle piqûre de rappel ! Heureusement, si mon jardin m’agresse parfois il me fournit aussi de quoi me soigner avec mon baume de consoude.
Au final, cette mésaventure n’avait rien de bien méchant et ne m’a laissée que deux petites cicatrices près de l’aisselle, mais cela aurait pu être bien pire si je m’étais frotté à de la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ! Cette exotique invasive peut provoquer de graves brûlures au moindre contact ! Prudence donc quand vous manipulez des plantes, même si ce n’est que les effleurer. Ce n’est pas parce qu’on jardine depuis des années sans souci qu’on est à l’abri d’une mauvaise rencontre…
Pour vous prémunir de ce genre de fâcheuses situations, évitez les cueillettes par plein soleil et habillez-vous correctement quand vous débroussaillez – la combinaison tongs-marcel n’est pas l’habit adéquat –
Pour vous éviter un tel désagrément, voici la liste des plantes photosensibilisantes (celles avec un astérisque sont les plus redoutables – liste non exhaustive) :
Plantes photosensibilisantes de la famille des Apiacées :
Aneth (Anethum graveolens) – graines et feuilles.
Angélique (Angelica archangelica, A. atropurpurea, A. dahurica, A. sinensis, A. pubescens) – racines, tiges et fruits.
Anis (Pimpinella anisum) – fruits.
*Berce (Heracleum sphondylium, H. mantegazzianum) – toute la plante.
Carotte sauvage (Daucus carota).
Céleri (Apium graveolens) – graines, branches et racines.
Cumin (Cuminum cyminum) – graines.
Fenouil (Foeniculum vulgare) – graines et bulbe.
Khella (Ammi visnaga) – graines.
Livèche (Levisticum officinale).
Panais (Pastinaca sativa).
Persil (Petroselinum sativum) – feuilles.
Plantes photosensibilisantes de la famille des Rutacées :
Bergamotier (Citrus bergamia) – peau.
Citron (Citrus limonum) – peau.
Citron vert (Citrus aurantifolia) – peau.
Fraxinelle (Dictamnus albus).
Orange amère (Citrus aurantium) – peau.
Pamplemousse (Citrus paradisi) – peau.
*Rue (Ruta graveolens, R. angustifolia).
Autres familles :
Achillée millefeuille (Achillea millefolium).
Aigremoine (Agrimonia eupatoria).
Chénopode (Chenopodium spp.).
Figuier (Ficus carica) – feuilles et latex.
Millepertuis (Hypericum perforatum).
Bakushi (Psoralea corylifolia).
Un jardinier averti en vaut deux !
Je serais dorénavant plus vigilante en jardinant par temps ensoleillé, pour que le jardinage reste un plaisir, un moment de détente et d’émerveillements.
Faites germer votre âme de jardinier, une coach à vos côtés !
Harmony
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